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Wallander - Saison finale

2015

Séries

Allemagne, Etats-Unis, Norvège, Royaume-Uni, Suède

10avis

Kenneth Branagh revêt pour la dernière fois le costume du tenace inspecteur Wallander, dans cette ultime saison et tournée alors que son créateur, le maître du polar Henning Mankell, était mourant. Une ode crépusculaire à la vie et une leçon de série noire.

Bouteille d’eau à la main, l’inspecteur Wallander apparaît sur un chemin de terre ocre qui surplombe la ville du Cap, à la pointe de l’Afrique du Sud. Il est tôt. Le policier est rasé de près, il finit son jogging, svelte dans son T-shirt de la police suédoise. Pour qui ignore les polars de l'écrivain Henning Mankell, un maître du genre, décédé en 2015, que la BBC a brillamment transposés à l'écran, avec Kenneth Branagh dans le rôle-titre, cette première rencontre peut sembler insignifiante. Les autres auront du mal à en croire leurs yeux. Wallander en Afrique du Sud ? Sans barbe de trois jours et au mieux de sa forme physique ?
Plus dure sera la chute
Lors des trois saisons précédentes, le personnage né sous la plume d’Henning Mankell a pourtant vécu une implacable descente aux enfers. Entre l'épuisement et le désespoir, Wallander a brûlé toute son énergie à résoudre meurtres et disparitions à Ystad, cité portuaire au bord de la Baltique. Son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, est décédé ; sa femme et sa fille ont quitté le domicile familial, l’une parce qu’elle ne pouvait supporter de voir son mari détruit par ses enquêtes, l’autre parce que les enfants grandissent et s'en vont. Alors, pourquoi l'Afrique plutôt que la Suède ? Il faut y voir un hommage au romancier, Suédois amoureux du Mozambique qui, depuis trente ans, partageait sa vie entre l'Europe et l'Afrique. Il avait écrit en 1993 La lionne blanche, adapté pour le premier épisode de la saison 4. Quant à la santé de l'inspecteur, il s'agit simplement de flatter la veine la plus masochiste de ses fans. C'est en effet une loi mathématique de la série : si Wallander semble aller mieux, c'est qu'il ira plus mal.
Enfant perdu
Du format proche du long métrage à la beauté de la photographie, avec ses paysages côtiers glacés et balayés par les vents, en passant par les gimmicks du scénario ? comme l'infernale sonnerie du téléphone de Wallander, invariablement annonciatrice de mauvaises nouvelles ?, on ne peut que constater le talent d'une équipe attachée à sublimer un genre mille fois rebattu. Figurent dans la série de brillants seconds rôles britanniques, comme Tom Hiddleston pour les premières saisons, avant son succès sous la cape de Loki pour l’adaptation hollywoodienne de Thor, signée Kenneth Branagh ; ou Richard McCabe, un autre acteur habitué des sagas shakespeariennes. Wallander a d'ailleurs fait un carton plein aux Bafta en 2009, nommée et récompensée dans cinq catégories, dont celles des meilleures image, musique et série dramatique de l'année avant, un an plus tard, de consacrer Kenneth Branagh avec le Bafta du meilleur acteur. Visage creusé, timbre faible et bredouillant, le comédien confère à son Wallander la détresse souterraine d’un enfant perdu. Meurtri par ses enquêtes, il avance comme un mort-vivant, encaissant la brutalité du monde sans la comprendre.
Fantôme du père
Formé à la Rada (Royal Academy of Dramatic Art, prestigieuse école de tradition shakespearienne), Kenneth Branagh s’est toujours délecté de la complexité de ses rôles. Fasciné par l’écriture de Henning Mankell, il avait personnellement demandé à l'auteur l’autorisation d’interpréter l’inspecteur. On ne peut que se réjouir de l'accord de celui-ci, qui définissait ainsi son héros : "Il est assez misogyne, désenchanté, et même dépressif. Il est seul, mène une sale vie, se nourrit mal, boit trop, ne fait pas d'exercice. Il ne porte sur le monde ni analyses ni critiques radicales." Constamment troublé et méfiant, Wallander est un chien triste dans un jeu de quilles. Un monde en perpétuel changement l'a laissé sur le bord de la route et il ne lui reste qu'une seule amie loyale : la violence…

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