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Un si long voyage

2009

Société

20avis

Chaque année, des milliers d’émigrants latinos tentent de gagner les États-Unis, au péril de leur vie. Un voyage émouvant dans l’enfer des clandestins en quête du rêve, ou du mirage, américain.

Marlin a 31 ans, Fatima 34. Ils vivent à Cuenca en Équateur, avec leurs quatre enfants. À eux deux, ils gagnent 150 dollars par mois. Alors, comme 60 % des Équatoriens, Marlin décide de tenter le voyage pour les États-Unis, dans l’espoir de faire vivre les siens : 7 000 kilomètres à parcourir à travers neuf pays au péril de sa vie, en déjouant la police, les bandits, et parfois les passeurs. Avec son beau-frère, avant de monter dans le bus qui les conduira à travers l’Amérique du Sud, ils brûlent leurs papiers pour devenir des indocumentados. Mais trois semaines après son départ, Marlin est arrêté au Honduras et rapatrié. S’il repart et qu’il est repris, il encourt deux ans de prison. Alors, c’est Fatima qui le remplace au pied levé, suivie par la caméra de Stéphanie Lamorre.

 

Des deux côtés du miroir
Des mois durant, la réalisatrice a cheminé avec Fatima et ses compagnons d’infortune dans leur parcours du combattant vers l’eldorado américain, dans la solitude et le doute, le dénuement, la peur, les échecs et les succès. À travers ce journal intime d’une clandestine, elle questionne habilement l’immigration des deux côtés du miroir. Qu’est-ce qui pousse les migrants à entreprendre un voyage si risqué – en cinq ans, 3 000 clandestins ont péri en essayant d’entrer aux États-Unis ? Pourquoi se jettent-ils dans ce périple comme on se jette à la mer, remettant âme et famille à Dieu, craignant toujours le pire et gardant foi dans le meilleur ? Mirage ou nécessité ?

 

Le prix de la misère
Le documentaire met également en lumière le marché lucratif que constituent les clandestins, otages des passeurs, parfois rackettés par les policiers. S’il démonte les mécanismes de l’immigration clandestine, Un si long voyage est aussi un beau portrait de femme : Fatima, au courage extraordinaire (les femmes ne représentent que 5 % des migrants illégaux), qui endure la faim et la peur pour ses enfants. C’est finalement parvenue à New York, où elle souffre cruellement de la séparation d’avec les siens, que la jeune femme vacille, posant – peut-être – la question ultime du film : celle du choix entre vie et survie. à quel prix ?

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