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Tchernobyl, Fukushima : Vivre avec

2016

Environnement

France

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Trente ans après Tchernobyl, cinq ans après Fukushima, les habitants des territoires contaminés témoignent de leur cohabitation incertaine avec la radioactivité. Une réalité humaine poignante et méconnue.

Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986, cinq ans après celle de Fukushima, le 11 mars 2011, que peuvent nous révéler du risque nucléaire les territoires dits "faiblement" contaminés, dont les habitants sont restés sur place ? En Europe, dans ces "zones grises" décrétées vivables, près de 7 millions de personnes réparties sur 120 000 km2 entre la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et la Norvège ont basculé dans l'inconnu, devenant les cobayes d'une cohabitation permanente avec la radioactivité. Dans les territoires les plus proches de Tchernobyl, le mois suivant l'accident, celui-ci a provoqué une épidémie de cancers infantiles de la thyroïde, mais ensuite ? Que sait-on des conséquences à court, moyen et long termes d'une contamination qui continue d'affecter l'environnement et la chaîne alimentaire ? À quelles conditions, en courant quels risques, les populations concernées ont-elles continué à vivre sur place ?
"Zones grises"
Parce que, dit-il, trente ans après, la science elle-même montre ses limites face à ces incertitudes majeures, Olivier Julien a enquêté au plus près des habitants de trois des zones contaminées, en Biélorussie, auprès des Samis de Norvège et au Japon. Il montre comment les premiers, "vétérans" de la radioactivité, sont allés à la rencontre des riverains de Fukushima afin de leur transmettre leur savoir et leurs pratiques, et les ont ainsi aidés à ne plus seulement subir l'angoisse de la pollution radioactive, et à combattre ses effets au jour le jour. Avec l'aide de chercheurs, dont certains interviennent dans le film, comme le Français Jacques Lochard, ils ont appris à mesurer au quotidien, dans leur corps et leur environnement, des taux de contamination très variables. Tous témoignent du soulagement que leur a apporté le fait d'avoir pris en main leur destin. C'est ainsi, résume avec humour l'un des protagonistes japonais, qu'en établissant pour son village une carte "des fantômes redoutables" (la radioactivité), il a tenu sa peur en respect. Mais ce dont souffrent toujours les habitants des "zones grises", c'est d'être ostracisés – une double peine suscitée par la terreur de la radioactivité. Aller à leur rencontre, souligne en écho le réalisateur, c'est mesurer un paradoxe immense : pourquoi, en dépit de cet effroi, continuons-nous à construire des centrales nucléaires ?

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