Un nourrisson souffre de multiples malformations. Après avoir envisagé plusieurs opérations chirurgicales, l'équipe médicale propose aux parents de prodiguer au bébé des soins palliatifs. La jeune mère, qui souhaite que l'on tente malgré tout une opération, a saisi le Centre d'éthique clinique. Elle expose son cas devant un trio emmené par le docteur Véronique Fournier, qui dirige ce projet expérimental depuis sa création en 2002 dans le cadre de la loi relative aux droits des malades. La partie "opposée", composée des médecins, est également entendue. La situation est soumise à un "staff", délégation de la société civile réunissant des médecins, des juristes, des retraités, des fonctionnaires, des philosophes et des sociologues. Tous bénévoles, ils ont reçu une formation pendant deux ans. Où sont les limites de la "bienfaisance" et de la "non-malfaisance" ? Comment clarifier une situation, renouer le dialogue et la confiance ? Comment prendre en compte la souffrance du patient, de la famille ? Autant de questions délicates que la réalisatrice, se concentrant sur les débats et les entretiens à huis clos, aborde dans toute leur complexité à travers cinq cas.

Une pensée en action

Une famille confrontée au choix de mourir formulé par un proche "enfermé dans son corps", des médecins s'interrogeant sur l'attitude à adopter en cas de complications chez un jeune homme dans le coma, d'autres qui demeurent partagés face à la demande de procréation artificielle formulée par un couple dont l'homme est sous chimiothérapie… Anne Georget donne à entendre et à réfléchir à partir de cas pratiques présentés dans la plus pure tradition du cinéma direct. Ici, aucune évidence, aucune autorité : simplement la volonté de trouver une proposition juste. Une réflexion en train de s'élaborer, que la réalisatrice retranscrit avec autant de justesse et de pudeur que ses protagonistes. Remarquable.