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Pyongyang s'amuse

2019

Société

France

4avis

Comment vivent les Nord-Coréens ? Tourné sur huit ans, ce document aussi exceptionnel que déconcertant révèle un visage inédit, quotidien et presque "détendu" d'un pays que l'on ne connaît qu'à travers les gros titres du JT.

Peut-on rire en Corée du Nord ? Qu’y mange-t-on ? Quand danse-t-on ? Comment s'y déroulent les vacances ? Au-delà du régime dictatorial, de ses défilés de masse de plus en plus sophistiqués et de ses tests nucléaires, par-delà les gros titres du JT, ce documentaire part à la rencontre des habitants, plutôt vivants et sympathiques, de ce coin d’Asie du Nord-Est. Puisant dans une formidable matière – quarante voyages étalés sur huit ans –, le réalisateur dresse un portrait à la fois déroutant et fascinant de ce pays montagneux et agricole, en plein boom urbain et touristique. Il filme fêtes et récoltes, usines et concours de chant. Parfois drôle, toujours déconcertante, cette découverte in vivo du quotidien des Nord-Coréens aide à comprendre ce pays que le monde entier considère comme une anomalie, mais qui a survécu à la guerre froide, aux millions de morts de la grande famine (1994-2000) et à de multiples crises géopolitiques, diplomatiques et militaires.

Ouverture à la couleur
À voir ce documentaire aux plans souvent graphiques (effort conjoint de la réalisation et d'un régime attentif au moindre détail visuel), on se rend compte de la pauvreté des images dont on dispose sur la Corée du Nord. Pyongyang s'amuse étoffe formidablement notre stock, et révèle un pays moins inaccessible qu'il n'y paraît. On y croise des Nord-Coréens anxieux de mal faire, mais aussi détendus, batifolant dans les parcs aquatiques et les bowlings, et heureux d'échanger avec un étranger. Grâce à ses huit ans de tournage, le film révèle les mutations d'un pays qui s'ouvre au tourisme, aux loisirs, à la couleur (fini les tenues monochromes, entre gris et brun), à l'entreprise individuelle et qui a remisé les séances d'autocritique du samedi au profit de la pêche et autres activités relaxantes. Certes, les portraits hilares des deux dirigeants constellent toujours le paysage et les Nord-Coréens passent beaucoup de temps en répétition pour parfaire leurs défilés ou leurs chorales obligatoires. Mais le tableau est moins caricatural qu’on ne pouvait l’imaginer. Une virée déconcertante dans la vie quotidienne des Nord-Coréens, qui interroge notre regard sur cet étrange pays.

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