Premier film de la Trilogie Marseillaise de Marcel Pagnol.

César tient le Bar de la marine sur le Vieux-Port de Marseille avec son fils Marius, qu'il a élevé seul après la mort de sa femme. Au grand dam de son tonitruant papa, le jeune homme ne rêve que de prendre la mer et s'étiole derrière le comptoir. Il ne voit pas que Fanny, la jolie voisine qu'il connaît depuis l'enfance, se consume d'amour pour lui. Pourtant, quand le riche marchand Panisse proclame son intention d'épouser celle-ci en secondes noces, Marius se met violemment en colère. Peu après, ayant soutiré des aveux à Fanny, sa mère, la marchande de poissons Honorine, s'en va trouver César pour négocier le mariage de leurs deux rejetons.

Est-ce parce qu'elles appartiennent désormais au patrimoine du cinéma et de Marseille à la fois que chacune des scènes de Marius, l'un des premiers films français "parlants", semble un morceau de bravoure ? Bien au-delà de "Tu me fends le cœur !", le célébrissime cri de guerre de Raimu, toutes les répliques font mouche, avec ou sans accent. Qu'importe si le jeune premier Fresnay oublie parfois le sien. Son décalage avec le petit monde bon enfant qu'il désire tant quitter n'en est que plus marqué. De la vue panoramique sur le Vieux-Port qui ouvre le film (avec son fameux pont transbordeur, détruit en 1944), aux soubresauts familiers du "ferry-boâte" d'Escartefigue, des larmes romantiques des deux amants aux grandioses cabotinages de leurs aînés, on retrouve avec un bonheur intact la poésie, la drôlerie et l'émotion de l'univers si singulier de Pagnol. Un premier volet particulièrement réussi, grâce au duo père-fils, aussi tendre que dissemblable, formé par Raimu et Pierre Fresnay.