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Le daim

2019

Comédie

France

3avis

Avec Jean Dujardin et Adèle Haenel, un ovni déjanté dans le plus pur style Quentin Dupieux.  

Georges, la quarantaine, quitte du jour au lendemain sa femme et son travail pour s'offrir le blouson de ses rêves, une veste en daim à franges. Le vendeur lui cède avec un caméscope numérique. Très fier du nouveau style que lui confère son achat, Georges prend une chambre d'hôtel dans une station des Pyrénées. Dans un bar, il fait la connaissance de Denise, une serveuse cinéphile qui rêve de devenir monteuse. Il lui fait croire qu'il est un réalisateur en repérage pour un prochain tournage. L'homme développe par ailleurs une véritable obsession pour son blouson. Quentin Dupieux continue la construction de son oeuvre singulière dans un film où l'absurde le dispute au non-sens, avec une pointe de sauvagerie.


La critique des Fiches du Cinéma
Au poste ! avait semble-t-il ouvert une brèche dans le cinéma de Dupieux (brèche ouverte grâce à la vertigineuse conclusion de Réalité), faite d'élans langagiers, d'auto-réflexivité mâtinée de références à une insularité populaire (les comédies et polars français des années 1980), dont on ignorait qu'il pût être un héritier post-moderne : Le Daim confirme, et même, entérine, cet épanouissement plus si soudain. Partant d'un postulat très ferrerien - un homme dans la force de l'âge (J. Dujardin) fusionnant avec son obsession (son blouson 100 % daim) jusqu'à épuisement de la raison - et s'inscrivant dans le cadre angoissant d'un non-lieu, en l'occurrence une brumeuse cuvette pyrénéenne, Dupieux déforme son cinéma en faisant exactement ce qu'on attendrait d'un tel sujet : une étrange étude des mensonges enchâssés qui cachent une inadéquation à un monde insupportable, et un autoportrait assumé et amusé de l'artiste en imposteur génial. La force du Daim est alors d'évoluer dans les sphères les plus triviales - donc les plus drôles et les plus horrifiques - de l'acte obsessionnel, mais d'inscrire cette déraison dans un langage ressassé, à l'inquiétant réalisme, dans une forme de dérogation à la gangue créatrice de Dupieux lui-même. Fini le beau bizarre érigé en leitmotiv, place maintenant à la solitude, nue, hilarante, et à cette lancinante question que Dupieux devait ruminer sans vraiment se la poser : et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'il choisisse de dépeindre cette déréliction avec les pinceaux un peu gras mais finalement réconfortants du comique français lui permet de confirmer sa sortie de la marge formaliste, et son entrée, plus fracassante qu'elle n'y paraît, dans la cour des cinéastes “bêtes de style”.

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