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La discrète

1990

Romance

France

88avis

Récompenses:

César 1991 : Meilleur espoir féminin, Meilleur scénario original, Meilleur premier film

Ce journal d'un séducteur repose sur l’interprétation éblouissante de Fabrice Luchini, survolté, aux prises avec Judith Henry, admirable.

Antoine, attaché parlementaire au Sénat, "aime les idées, les mots et les femmes". Mais cet intellectuel oisif, séduisant et beau parleur adore aussi manipuler. Après avoir été éconduit par sa maîtresse, il décide, sur les conseils de Jean, un ami éditeur, de se venger de la gent féminine en jetant son dévolu sur un "boudin", Catherine, et de tenir le journal de ces "liaisons dangereuses". Mais Antoine est pris à son propre jeu.

 

"Je n’aime pas mon époque", avait coutume de répéter le réalisateur Christian Vincent. Ce n’est donc pas un hasard si son premier film revendique haut et fort son ancrage dans le passé. Celui du marivaudage du XVIIIe siècle, des jeux de mots et de corps, des liaisons dangereuses. Son héros, Antoine, spécialiste en "mouches", est particulièrement sensible aux "discrètes" qui ornent le menton des belles libertines. Le parti pris affiché de la désuétude du héros, de dialogues très écrits et d’une mise en scène minimaliste témoigne d’une véritable audace. Antoine est un héros éloquent et complaisant, comédien et terriblement narcissique. Convaincu de sa supériorité, il a le travers de se regarder agir. Son langage s’avère une arme, terriblement efficace, mais aussi une défense. Cette logorrhée acide et faussement détachée lui permet de se retrancher des exigences de l’action. Au-delà du pur divertissement que confèrent ce déchaînement oratoire et la perversité de l’entreprise, La discrète est un film initiatique comme il existait, au XVIIIe siècle, des romans d’apprentissage. C’est le récit d’une expérience individuelle, d’un acte qui se voudrait gratuit mais qui ne peut l’être car, à partir du moment où il implique un tiers, il devient expérience et transforme celui qui l’a provoqué. La "fine mouche" à laquelle il se heurte, celle qui lui semblait "immonde, mais immonde !", réduit à néant les manigances stériles du héros. En trois plans à l’économie parfaite, la douleur contenue de Catherine, à la fin du film, fait éclater la baudruche verbeuse. Si le film rappelle le Roman d’un tricheur de Guitry et les proverbes rohmériens, Christian Vincent se réclame avec raison de Pagnol : derrière la finesse psychologique et l’humour ravageur de son film pointe une véritable humanité.

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