Le Caire, dans le cabinet d'un thérapeute arabe. C'est là qu'échoue Fisher, un inspecteur de police revenu d'Europe après une enquête éprouvante qui l'a traumatisé, la tête rongée par des pertes de mémoire et des angoisses délirantes. Le psychothérapeute lui fait refaire le voyage sous hypnose pour tenter d'y voir plus clair. Les images reviennent, puis les mots et les personnages : en pleine Europe ravagée, noyée sous les eaux, la boue et la misère, Fisher a été chargé de l'enquête sur une série de meurtres certainement commis par le même maniaque, dont toutes les victimes étaient des vendeuses de billets du Loto…

 

"Faire de la laideur une source de beauté", telle était la volonté esthétique qui guida le premier opus de Lars von Trier, thriller psychanalytique à l’ambiance à la fois onirique et suintante, sur lequel plane l’ombre des géants du septième art (Fritz Lang, Orson Welles…). Le réalisateur danois y plonge dans l’inconscient du personnage principal, encombré d’épaves, de désirs inavouables et de pulsions criminelles. Premier volet d’une trilogie sur la déliquescence de l’Europe (avec Epidemic et Europa), cette œuvre remarquablement aboutie et déjà provocatrice est empreinte de la force obsessionnelle des cauchemars.