Grâce aux progrès de la médecine et de la science, l'embryon qu'on laissait croître à l'abri du ventre maternel est devenu un objet d'études. Mais si on peut désormais l'examiner, il demeure difficile de le soigner. Parfois aussi, les médecins restent perplexes face à une image difficile à déchiffrer. Juliette Cazanave explore cette zone d'incertitude en s'immergeant au sein du Centre de dépistage prénatal de l'hôpital Necker. Cette unité de pointe regroupe scientifiques, gynécologues, pédopsychiatres… Le film leur donne la parole, observe leur travail et suit le parcours de trois couples.

Cruels dilemmes
Au fil des consultations, les diagnostics se précisent autant que possible et les médecins accompagnent avec compétence et humanité ces futurs parents vers une prise de décision difficile. Faut-il poursuivre ou interrompre la grossesse ? La France est l'un des rares pays à ne pas imposer de durée limite à ce choix. Cette souplesse permet d'affiner les diagnostics mais confronte aussi les parents à de cruels dilemmes. En filigrane, se pose la question de notre degré d'acceptation de l'anomalie. "Il y a des gens pour qui avoir une main en moins, c'est grave et d'autres pour qui ce n'est vraiment pas un problème", souligne Alexandra Benachi, gynécologue obstétricienne à Necker. Sans porter de jugement définitif, la réalisatrice s'interroge sur cette société qui a fait de l'embryon un "patient malgré lui" et nous renvoie à notre responsabilité collective. "Si nous voulons maîtriser la nature, savoir et décider, peut-être faut-il en accepter les conséquences", glisse la voix off.