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Adoption, le choix des nations

2015

Société

France

7avis

Face à la pénurie d'enfants, les pays pauvres dictent désormais leurs conditions à leurs partenaires occidentaux.

Au fil d'une remarquable enquête, Anne Georget dévoile la dimension géopolitique de l'adoption internationale et montre à quel point elle devient difficile.

L'adoption internationale en dit long sur les relations, alliances et tensions entre pays. Enjeu majeur, elle participe au jeu diplomatique au même titre que l’économie, la culture ou la coopération. La manière dont un pays traite ses enfants peut ternir son image sur la scène internationale. La Corée du Nord a ainsi accusé son voisin du Sud de vendre les siens et la Chine a jugé embarrassant que les États-Unis adoptent autant de "ses filles".

L'enjeu semble d'autant plus crucial qu'aujourd'hui, le nombre d’adoptions internationales baisse et que les délais s'allongent interminablement. À la suite d'abus dans les années 1980, nombre de pays d'origine ne laissent plus partir les enfants dans n'importe quelles conditions, en accord avec la convention de La Haye, conclue en 1993 et signée par près de cent nations.
Celle-ci invoque "l'intérêt supérieur" de l'enfant, ce qui suppose d'obtenir le consentement des parents biologiques. De plus, l'adoption nationale se développe dans les pays émergents comme le Brésil ou l'Inde. Il ne reste ensuite pour les couples étrangers que les enfants dont leurs compatriotes n'ont pas voulu : fratrie, handicapés ou âgés de plus de 7 ans…
Les pays d’origine mènent désormais le jeu, demandant de plus en plus de garanties, qui vont du niveau de revenus aux langues parlées en passant par la situation maritale et l'aptitude à coiffer des cheveux crépus.

Course d'obstacles
À travers une enquête rigoureuse menée dans différents pays (France, Italie, États-Unis, Burkina Faso, Haïti, etc.), Anne Georget dresse un édifiant panorama de l'adoption internationale. Elle a suivi de près le travail des principaux acteurs de ce jeu serré, filmant de nombreuses réunions, les échanges avec les familles, confrontées à des choix cornéliens et à une course d'obstacles, rendant palpables les tractations et rivalités entre pays. Elle dévoile le travail chaleureux d'accompagnement des parents, mené d'une part par les conseillers de l'Agence française de l'adoption, côté pays d'accueil, d'autre part, par l'équipe d'un orphelinat haïtien, côté pays d'origine. Sans éluder la dimension sordide de son sujet – une compétition impitoyable où le degré de handicap des orphelins, mais aussi l'orientation sexuelle ou le tour de taille des futurs parents peuvent entrer en jeu –, le film laisse aussi place à l'émotion, notamment lorsque l'apparentement (le moment où l'enfant trouve une famille) se produit enfin ou que des mamans haïtiennes mesurent ce que signifie "adoption plénière". Au fil du documentaire et des infographies, le déclin de l'adoption internationale apparaît néanmoins comme irréversible.

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