Foshan, Chine du Sud, 1936. Maître de wing chun, un art martial chinois traditionnel, Ip Man n’a jamais eu besoin de travailler. Menant une vie d’esthète, il se partage entre une épouse qu’il vénère, sa passion pour les arts martiaux et ses visites au Pavillon d’or, une maison de plaisir où se retrouve l’élite de Foshan. Alors qu’un important combat doit être organisé contre un champion de Chine du Nord, Ip Man est choisi pour succéder au grand maître et va devoir l’affronter. Tandis que le jeune Ma San s’oppose à cette décision, les troupes japonaises poursuivent leur avancée en territoire chinois. En octobre 1938, l’armée nippone réquisitionne la maison d’Ip Man. De terribles années se préparent… "Si la vie a quatre saisons, mes quarante premières années furent un printemps ; si la vie a quatre saisons, nous passâmes brutalement du printemps à l’hiver…"

Leçons de vie
Retrouvant Tony Leung, qu’il avait déjà dirigé notamment dans In the mood for love et 2046, Wong Kar-wai rend hommage à Ip Man, l’un des plus grands maîtres d’arts martiaux chinois. Sur fond de tragédies historiques – l’occupation japonaise, la guerre civile entre nationalistes et communistes –, le cinéaste capte mille témoignages de la beauté du monde, magnifiant aussi bien la pluie éclaboussant le sol que les arbres en fleurs sous la neige. Érotisant les regards qui se croisent et les corps qui se frôlent, Wong Kar-Wai distille à travers ses scènes de combat, magistralement chorégraphiées par Yuen Woo-ping (Matrix, Kill Bill…), des leçons de vie, où s’entremêlent sagesse, code de l’honneur, discipline et transmission. Méticuleuse reconstitution courant sur près de deux décennies – du milieu des années 1930 au début des années 1950 –, une fresque somptueuse, portée par la grâce.