Un homme qui panique sous l’emprise de stupéfiants, un autre dévalisé dans sa voiture par une prostituée… : c’est un soir comme un autre dans un centre d’appels d’urgence de la police de Copenhague. Asger Holm achève son tour de garde, quand une journaliste le contacte sur sa ligne personnelle. Elle cherche à recueillir son témoignage dans une affaire qui le concerne, mais il se refuse à tout commentaire. Quand Asger reprend son poste au standard du 112, il reçoit l’appel d’une certaine Iben dont les propos paraissent dénués de sens. Il comprend que son interlocutrice est victime d’un kidnapping et qu’elle cherche désespérément à éviter d’éveiller les soupçons de son agresseur. Alors que le policier tente d’obtenir des indices pour la localiser, s’engage une course à distance contre la montre pour sauver la jeune femme prise au piège, en route vers le nord de la ville…   

Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur danois Gustav Möller frappe très fort avec ce thriller à l’impeccable maîtrise. Au-delà de la puissante et virtuose exploration du son et du hors champ – le champ se déroule exclusivement dans le centre d’appels –, ce thriller décline aussi une poignante réflexion sur l’impuissance et la culpabilité. Dès les premiers plans, le policier sanglé dans son uniforme marine, magistralement interprété par Jakob Cedergren (Meurtres à Sandhamn, Submarino), qui porte le film de bout en bout, navigue en eaux troubles. Une terrible zone d’ombre agite son regard, qui s’éclaire au fil d’une diabolique intrigue confinée au suspense quasi insoutenable. Tenu en haleine par la bande-son – porte qui grince, asphalte sous les roues, pluie, ballet des essuie-glaces –, le spectateur reconstitue mentalement les scènes décrites par la victime et les autres protagonistes et se ronge les sangs avec eux. Riche en rebondissements, une pépite noire danoise, maintes fois primée.