

Scarface (1982)
Metadata du programme
- Thriller•
- Cinéma•
- États-Unis•
- 2h42•
- 1983•
- -12
- VO
- VF
Description du programme
Violent, paranoïaque et survolté, Al Pacino est sidérant dans ce remake virtuose du film de Howard Hawks par Brian De Palma.
Lors de l’expulsion par Fidel Castro de milliers de Cubains en 1980, Tony Montana et son acolyte Manny Ray émigrent aux États-Unis pour se retrouver dans un camp de réfugiés en Floride, royaume des femmes et de l’argent. Rapidement, ils entrent en contact à Miami avec Frank Lopez, un gros calibre du marché de la drogue, dont Tony devient le bras droit. Fréquentant le gratin de la mafia, celui-ci connaît une ascension fulgurante. Il finit par éliminer Lopez, dont il épouse la maîtresse, la blonde Elvira, et par former sa bande. Parti de rien, il règne sur un empire par son charisme et sa violence. Mais l’ivresse des sommets, les déluges de dollars et l’excès de cocaïne l’entraînent dans une chute inéluctable, lestée par le poids des cadavres et une ambition qui s’est muée en folie meurtrière.
Gangster gore
C’est Al Pacino qui suggéra à Brian De Palma ce remake du film noir de Howard Hawks. Si le Scarface de 1932 avait déjà jeté à bas le mythe du gangster magnifique pour en dénoncer l’infamie destructrice, De Palma en rajoute une couche, en transposant l’histoire d’Al Capone au cœur de la pègre latino-américaine alors en pleine expansion, sur un scénario d’Oliver Stone. Le cinéaste suit le schéma classique du genre, mais substitue au noir et blanc chic de Hawks les couleurs kitsch et disco des années 1980, dans un Miami en proie aux mafieux, aux flics corrompus et aux banquiers véreux. Les poursuites haletantes en voiture cèdent la place à une violence nue. L’ascension de Tony est inaugurée par un massacre à la tronçonneuse, et les règlements de comptes se font en pleine lumière. Le genre gangster gore est né, qui fait aujourd’hui l’objet d’un véritable culte. Immigré cubain grisé autant qu’abusé par le rêve américain, Tony Montana incarne le mirage d’un individualisme forcené et d’un capitalisme vicié. Hanté par la rage de dominer le monde, ce héros shakespearien – le génial Al Pacino a d’ailleurs prétendu s’être inspiré de Richard III pour l’incarner –, costumes tape-à-l’œil et lignes de coke en partage, oscille entre valeurs anciennes, revanche sociale et violence radicale. Mais la démesure – méthode aussi de De Palma – de ses ambitions finit par l’engloutir dans une vertigineuse spirale d’autodestruction et de paranoïa, pourrissant tout ce qu’il touche sans espoir de rédemption.