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Révélé dans les années 1990 avec Before Sunrise, Richard Linklater s’impose comme l’un des cinéastes les plus singuliers du cinéma indépendant américain, explorant le temps, les liens humains et la banalité du quotidien avec une précision émotionnelle rare.

Plutôt misanthrope, Bernadette Fox a pour seuls amis sa fille Bee, brillante ado de 15 ans, et … son assistant virtuel sur Internet. Tandis qu'elle tente encore de rénover sa maison délabrée – et de se convaincre qu'elle aime Seattle –, elle a renoncé à se faire accepter par les autres parents d'élèves du lycée huppé de sa fille. Jusqu'au jour où elle disparaît. Bee ira jusqu'au bout du monde pour la retrouver et découvrira alors son histoire…

Where'd You Go, Bernadette?

Cate Blanchett en misanthrope aguerrie dans une mise en scène de Richard Linklater.

Bernadette a disparu

Chaque ann&eacute;e, durant 12 ans, le r&eacute;alisateur Richard Linklater a r&eacute;uni les m&ecirc;mes com&eacute;diens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l&rsquo;&acirc;ge de six ans jusqu&rsquo; &agrave; sa majorit&eacute;, vivant avec sa s&oelig;ur et sa m&egrave;re, s&eacute;par&eacute;e de son p&egrave;re. Les d&eacute;m&eacute;nagements, les amis, les rentr&eacute;es des classes, les premiers &eacute;mois, les petits riens et les grandes d&eacute;cisions qui rythment sa jeunesse et le pr&eacute;parent &agrave; devenir adulte... 
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La critique des Fiches du Cin&eacute;ma 
Le cin&eacute;ma de Richard Linklater n&#39;est jamais plus convaincant que lorsqu&#39;il s&#39;adosse &agrave; un dispositif ; ainsi, A Scanner Darkly, adapt&eacute; de Philip K. Dick, et la trilogie Before (Sunrise, Sunset et Midnight) qui, d&eacute;j&agrave;, interrogeait la notion de temps r&eacute;el, semblaient les points culminants d&#39;une filmographie in&eacute;gale. Douze ans durant, l&#39;auteur a ici retrouv&eacute; les m&ecirc;mes com&eacute;diens, pour chroniquer l&#39;enfance et l&#39;adolescence de Mason (Ellar Coltrane), son personnage. Paradoxalement, plus le film s&#39;&eacute;ternise (2h45 au compteur), plus les s&eacute;quences s&#39;amoncellent, et plus se logent dans leurs interstices des espaces &agrave; disposition du spectateur ; plus le portrait de Mason s&#39;additionne d&#39;anecdotes, et plus celui-ci pr&eacute;tend &agrave; une forme d&#39;universalit&eacute;. Boyhood gagne ainsi &agrave; s&#39;attacher &agrave; des instants ordinaires, sans enjeu apparent, plut&ocirc;t qu&#39;&agrave; des moments significatifs (premi&egrave;re peine de c&oelig;ur, dipl&ocirc;me de fin de lyc&eacute;e...), l&#39;intrigue c&eacute;dant la place &agrave; l&#39;observation, factuelle, modeste, du passage du temps - celui n&eacute;cessaire &agrave; Linklater pour comprendre que son proc&eacute;d&eacute; &eacute;tait, plus qu&#39;un moyen de raconter une histoire, le sujet du film lui-m&ecirc;me ; que primaient, sur les p&eacute;rip&eacute;ties et les vell&eacute;it&eacute;s discursives, le spectacle d&#39;une vie s&#39;&eacute;coulant sous nos yeux. D&#39;un coup, six petits mois ont pass&eacute; - mais six mois de grand chambardement hormonal -, et la voix de Mason a mu&eacute; ; nous sommes alors en pr&eacute;sence d&#39;un corps aussi familier que farouchement &eacute;tranger : mieux qu&#39;un trucage num&eacute;rique, le temps, effet sp&eacute;cial en soi, a fait son &oelig;uvre. D&#39;o&ugrave;, sans doute, l&#39;&eacute;motion suscit&eacute;e par le film : comme ses h&eacute;ros, nous n&#39;en finissons pas de changer et, de nos propres vies, nous prolongeons sa trame. _T.F.

La vie d&rsquo;un petit Am&eacute;ricain ordinaire, de l&rsquo;enfance &agrave; l&rsquo;&acirc;ge adulte. Tourn&eacute;e sur douze ans avec le m&ecirc;me casting, une fascinante et m&eacute;lancolique chronique familiale.

Boyhood

Une banlieue d'Orange County, en Californie, en 2013. L'interminable et vain combat de l'Amérique contre la drogue se confond désormais avec sa guerre contre le terrorisme. Le policier Bob Arctor, spécialiste réticent des missions d'infiltration, est contraint de jouer les taupes auprès de ses amis Jim Barris, Ernie Luckman, Donna Hawthorne et Charles Freck. Lorsqu'il reçoit l'ordre de s'espionner lui-même, Arctor entame une inexorable descente dans l'absurde et la paranoïa, où loyautés et identités deviennent indéchiffrables.

A Scanner Darkly

Richard Linklater transpose avec brio l'univers paranoïaque de Philip K. Dick dans un thriller visuel captivant.

À l'aéroport de Kalamata, dans le Péloponnèse, Jesse fait ses adieux à Henry, qui repart pour les États-Unis. À chaque fin de vacances, c'est pareil : il parle trop et multiplie les recommandations à son adolescent de fils, qui tente de rester digne et détaché pour deux. Jesse le quitte avec un cafard monstre. Dans la voiture, la tension monte : Céline, sa compagne, écœurée par un énième projet écolo qui capote, se demande à voix haute si elle doit changer de job, tandis que Jesse remâche sa peine. Au cours du dîner, Jesse, Céline et leurs amis grecs échangent en rigolant des propos désabusés sur la vie à deux. Ayant pu laisser ses filles à ses hôtes, le couple s'éclipse pour une échappée en amoureux. Sur le divin chemin qui les ramène à l'hôtel, la discussion s'envenime… Que reste-t-il de nos amours ? Le couple de la série des Before… a la quarantaine. Céline (Julie Delpy) et Jesse (Ethan Hawke) s'aiment toujours mais la passion, minée par la routine et le ressentiment, a laissé place à un dévorant agacement : "La spontanéité a disparu de nos vies", déplore Céline. Dans leur quotidien acrobatique, même une nuit d'amour se planifie. Mais à des ébats programmés, le couple préfère une vibrante scène de ménage, qui leur permet, sous les sarcasmes, de faire affleurer des sentiments toujours vifs. C'est l'intérêt de cette étonnante trilogie, écrite à six mains par le réalisateur et les deux acteurs principaux : nourrir la fiction de vérité intime et filmer le passage du temps sur un séduisant tandem amoureux, dont on suit avec délectation l'évolution presque tous les dix ans : Before sunrise (le coup de foudre) et Before sunset (les retrouvailles) datent respectivement de 1995 et 2005. Une fois encore, le film réussit à faire palpiter l'émotion : ce couple en crise, en porte-à-faux avec le décor solaire qui l'entoure, finit par prendre le même éclat tragique. Y aura-t-il une suite&nbsp;? Le réalisateur Richard Linklater laisse planer le doute…

Before Midnight

Le dernier opus de la trilogie des "Before" : Julie Delpy et Ethan Hawke dans une ébouriffante scène de ménage.

Jeune américain de passage en Europe, Jesse aborde Céline, étudiante française, dans un train entre Budapest et Vienne. A Vienne, il lui demande de descendre pour l'accompagner dans une visite de la ville pendant les 14 heures qui le séparent du décollage de son avion pour les Etats-Unis. Amusée, peut-être séduite, Céline accepte.

Before Sunrise

Une nuit à Vienne, une rencontre fortuite et l’alchimie naturelle entre Ethan Hawke et Julie Delpy, le premier volet d’un triptyque incontournable.

En compétition officielle du Festival de Cannes 2025

Richard Linklater

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