Dans la mémoire collective, et parfois depuis les souvenirs d'école et d'enfance, 1492 est « l'année du monde », qui partage le temps entre Moyen Âge et Temps modernes. Mais qu'est-ce qui prend pied en Amérique ? L'esprit de curiosité de la modernité ou le mysticisme fiévreux du Moyen Âge ? Surtout on ne peut comprendre le sens de cet évènement destiné à faire date universelle, sans le replacer dans la cohérence religieuse d'un moment où les royaumes ibériques s'emparent du leadership de l'Ancien monde : prise de Grenade en janvier et soumission des musulmans au nord de la Méditerranée occidentale, expulsion des juifs d'Espagne en mars, avant le voyage de Christophe Colomb en septembre, pour un retour en janvier suivant. C'est donc une logique d'affirmation du catholicisme, en tant que prétention à la domination universelle qui commande la « découverte » illuminée d'un nouveau monde que Colomb imaginait n'être que l'envers de l'ancien.