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Récits labyrinthiques, corruption et noirceur humaine : l'art des polars noirs chinois.

Chine, 1997. Une série de meurtres endeuille la ville de Fentun. Les crimes s’arrêtent mystérieusement sans que les autorités aient pu élucider l’affaire. Huit ans plus tard, un jeune policier, proche d’une des victimes, décide de rouvrir l’enquête.

Des Feux dans la Plaine

Affiche du film "Les Feux dans la Plaine"

Récompensé à Reims Polar, Zhang Ji raconte une Chine en crise à travers l’enquête tortueuse d’un jeune policier.

En Chine, dans les ann&eacute;es 1990, trois meurtres sont commis dans la petite ville de Banpo. Ma Zhe, le chef de la police criminelle, est charg&eacute; d&#39;&eacute;lucider l&#39;affaire. Un sac &agrave; main abandonn&eacute; au bord de la rivi&egrave;re et des t&eacute;moignages de passants d&eacute;signent plusieurs suspects. Alors que l&rsquo;affaire pi&eacute;tine, l&rsquo;inspecteur Ma est confront&eacute; &agrave; la noirceur de l&rsquo;&acirc;me humaine et s&#39;enfonce dans le doute...

Un polar chinois labyrinthique &agrave; l&rsquo;ambiance noire et poisseuse, rehauss&eacute;e par le beau grain de la pellicule.

Only the River Flows

Par une nuit d&rsquo;orage, un ma&icirc;tre de feng shui tente de sauver une prostitu&eacute;e d&rsquo;une mort certaine, mais le destin en a d&eacute;cid&eacute; autrement. Arriv&eacute; &agrave; son domicile, il d&eacute;couvre le corps de la jeune femme, victime d&rsquo;un abject serial killer. Un livreur d&eacute;boule &agrave; son tour sur la sc&egrave;ne de crime, hypnotis&eacute; et fascin&eacute; par ce qu&rsquo;il voit. Le ma&icirc;tre de feng shui pr&eacute;dit au gar&ccedil;on un avenir sombre et meurtrier. Mais cette fois, il jure de tout faire pour changer le cours des choses. Sauf que l&rsquo;inspecteur charg&eacute; de l&rsquo;enqu&ecirc;te est convaincu que le livreur est un psychopathe-n&eacute; dont la soif de sang ne peut &ecirc;tre arr&ecirc;t&eacute;e...

Ming On

Le r&eacute;alisateur de Limbo signe un thriller saisissant et singulier, au c&oelig;ur d&#39;une enqu&ecirc;te haletante &agrave; Hong Kong.

Mad Fate

Dans les bas-fonds de Hong-Kong, un flic v&eacute;t&eacute;ran et son jeune sup&eacute;rieur doivent faire &eacute;quipe pour arr&ecirc;ter un tueur qui s&rsquo;attaque aux femmes, laissant leur main coup&eacute;e pour seule signature. Quand toutes leurs pistes s&rsquo;essoufflent, ils d&eacute;cident d&rsquo;utiliser une jeune d&eacute;linquante comme app&acirc;t.

R&eacute;compens&eacute; au festival Reims Polar, un thriller hongkongais vertigineux et stylis&eacute;.

Limbo

Sp&eacute;cialis&eacute; dans la maintenance des climatisations, le jeune Wang Xueming se d&eacute;p&ecirc;che de finir sa journ&eacute;e alors que sa petite amie l&#39;attend pour aller au cin&eacute;ma. Dans le noir, &agrave; bord de sa camionnette, il percute accidentellement un homme. Affol&eacute;, il s&#39;enfuit l&acirc;chement puis revient dissimuler le cadavre. Mais le souvenir de son forfait le hante et, d&eacute;vor&eacute; par la culpabilit&eacute;, il entame une lente descente aux enfers, tente de se livrer &agrave; la police, puis y renonce. Wang ne peut s&#39;emp&ecirc;cher de se rapprocher de Mme Liang, la veuve du d&eacute;funt, &agrave; qui il voudrait avouer sa faute et qu&#39;il tente maladroitement de prot&eacute;ger contre d&#39;obscurs cr&eacute;anciers. Tandis que Wang, d&eacute;sormais traqu&eacute; par malfrats et policiers, ne cesse de prendre des coups et s&#39;enfonce dans la d&eacute;r&eacute;liction, Mme Liang s&#39;efforce de faire le deuil d&#39;un mari avec qui elle s&#39;entendait mal et d&#39;un fils fragile du c&oelig;ur, mort trop t&ocirc;t. 
 
 
&Agrave; mi-chemin entre le film de gangsters hongkongais et le pas de deux raffin&eacute; &agrave; la Wong Kar-wai, ce long m&eacute;trage r&eacute;ussit &agrave; nous immerger dans la psych&eacute; tourment&eacute;e de son h&eacute;ros (formidable Eddie Peng) &agrave; l&#39;aide d&#39;une palette visuelle et sonore audacieuse. Tandis que la tendre ballade d&#39;Elvis cit&eacute;e en titre hante le film, la musique, dissonante, s&#39;entrelace au bruit lancinant des pales de ventilateur, ironique r&eacute;f&eacute;rence petit budget &agrave; celles des h&eacute;licopt&egrave;res dans&nbsp;<a href="https://boutique.arte.tv/detail/apocalypse-now-final-cut">Apocalypse Now</a>,&nbsp;r&eacute;put&eacute; pour sa bande-son immersive. Mais malgr&eacute; ou gr&acirc;ce &agrave; son imposant bagage d&#39;allusions cin&eacute;philes et d&#39;effets de stylisation, le film n&#39;en est pas moins touchant. Difract&eacute;s dans des miroirs bris&eacute;s, surexpos&eacute;s dans des &eacute;clairages s&eacute;pia, les visages expressifs des deux solitaires, Wang et Mme Liang, distillent une sourde m&eacute;lancolie. En arri&egrave;re-plan, le r&eacute;alisateur brosse la discr&egrave;te d&eacute;nonciation d&#39;une Chine &eacute;cras&eacute;e de chaleur et min&eacute;e par la p&egrave;gre, qui semble &agrave; la fois mise au pas et laiss&eacute;e &agrave; l&#39;abandon.

Un thriller haletant sur l&rsquo;histoire d&rsquo;un homme rong&eacute; par la culpabilit&eacute; apr&egrave;s un accident de voiture.&nbsp;

Are You Lonesome Tonight ?

Une ville baln&eacute;aire de Chine. Zhou, tout juste sorti de prison, reprend ses activit&eacute;s de malfrat. &Agrave; la suite d&rsquo;une r&eacute;union de gangsters qui tourne mal, il tue accidentellement un policier. Sa t&ecirc;te est mise &agrave; prix. C&rsquo;est le d&eacute;but d&rsquo;une traque sans merci, men&eacute;e aussi bien par les forces de l&rsquo;ordre que par les gangs. Zhou croise le chemin d&rsquo;une prostitu&eacute;e qui travaille dans une zone de non-droit : le lac aux oies sauvages. Il lui demande de le d&eacute;noncer puis de remettre la r&eacute;compense &agrave; sa femme&hellip; 
 
 
Apr&egrave;s&nbsp;<a href="https://boutique.arte.tv/detail/black-coal">Black Coal</a>&nbsp;(Ours d&rsquo;or &agrave; la Berlinale 2014), le r&eacute;alisateur chinois Diao Yinan revient au film noir, l&rsquo;occasion d&rsquo;approfondir son approche sombre et stylis&eacute;e, avec une volont&eacute; affich&eacute;e de rendre hommage aux classiques du genre. D&egrave;s les premi&egrave;res minutes, le film distille une atmosph&egrave;re enveloppante : dans une banlieue plong&eacute;e dans la nuit, sous une pluie battante, un homme et une femme se rencontrent. Une sc&egrave;ne myst&eacute;rieuse aux accents tragiques. Quant au lac aux oies sauvages, qui donne son titre au film, c&rsquo;est un &eacute;trange &icirc;lot de nature situ&eacute; en bordure d&rsquo;une agglom&eacute;ration grouillante, o&ugrave; se croisent baigneurs du dimanche, malfrats et prostitu&eacute;es. Les ombres d&rsquo;Orson Welles et de Jean-Pierre Melville planent sur ce faubourg mal fam&eacute;, le temps d&rsquo;une chasse &agrave; l&rsquo;homme parsem&eacute;e d&rsquo;&eacute;clats de violence brillamment chor&eacute;graphi&eacute;s. Superbe exercice de style,&nbsp;Le lac aux oies sauvages&nbsp;brosse aussi le tableau d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qui marche &agrave; l&rsquo;aveugle, o&ugrave; pr&eacute;valent la surench&egrave;re s&eacute;curitaire et l&rsquo;app&acirc;t du gain.

Diao Yinan (Black Coal) revisite le film noir et cr&eacute;e un polar stylis&eacute; &agrave; la virtuosit&eacute; imparable.

Le lac aux oies sauvages

Luo Hongwu revient &agrave; Kaili, sa ville natale, apr&egrave;s s&rsquo;&ecirc;tre enfui pendant plusieurs ann&eacute;es. Il se met &agrave; la recherche de la femme qu&rsquo;il a aim&eacute;e et jamais effac&eacute;e de sa m&eacute;moire. Elle disait s&rsquo;appeler Wan Qiwen&hellip;

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La critique des Fiches du Cin&eacute;ma

En 2015, le premier long m&eacute;trage de Bi Gan, Kaili Blues, envo&ucirc;tant po&egrave;me o&ugrave; les temporalit&eacute;s se m&ecirc;laient, avait marqu&eacute; l&#39;arriv&eacute;e d&#39;un cin&eacute;aste &agrave; suivre. Aujourd&#39;hui, Un grand voyage vers la nuit confirme tout le bien que l&#39;on pensait de lui. Infiniment troublant, le film enchante, d&eacute;sar&ccedil;onne, interroge, enthousiasme autant qu&#39;il peut &eacute;galement agacer. La premi&egrave;re partie, m&ecirc;lant pass&eacute; et pr&eacute;sent, &eacute;voque de fa&ccedil;on impressionniste la rencontre de Luo et Wan, leur br&egrave;ve idylle, puis la qu&ecirc;te de Luo pour retrouver la jeune femme. D&egrave;s le premier plan, la somptuosit&eacute; de la photographie, alliant avec gourmandise verts aquatiques et rouges fi&eacute;vreux, l&#39;&eacute;l&eacute;gance suave des mouvements de cam&eacute;ra, le rythme souple, alangui, emportent le spectateur. Le r&eacute;cit est volontairement flou, confus, et &agrave; la fois &eacute;l&eacute;mentaire : il cherche la femme disparue, erre dans la ville d&eacute;labr&eacute;e, pense &agrave; hier... On ne comprend pas tout, mais l&#39;essentiel est autre part : dans la sensualit&eacute;, le charme, le climat, la texture... On est ailleurs, perdu avec le h&eacute;ros, perdu au fin fond de la Chine, et on se laisse glisser dans cet &eacute;lixir capiteux fait de r&ecirc;ve et de souvenirs. La seconde partie, en &ldquo;3D&rdquo; et int&eacute;gralement film&eacute;e en plan-s&eacute;quence, nous fait basculer dans une autre dimension, onirique, ouat&eacute;e, dans laquelle tout est possible, tout se m&eacute;lange, o&ugrave; confusion et clart&eacute; ne s&#39;opposent plus, o&ugrave; le sens se ressent plus qu&#39;il ne se comprend. Ce plan-s&eacute;quence, virtuose, mettra peut-&ecirc;tre &agrave; distance certains, qui trouveront le proc&eacute;d&eacute; performatif &agrave; l&#39;exc&egrave;s. Les autres se laisseront subjuguer par cette odyss&eacute;e miniature, cocasse et d&eacute;licate, o&ugrave; semble se r&eacute;soudre, de fa&ccedil;on magique, la qu&ecirc;te du h&eacute;ros.

 Di qiu zui hou de ye wan

Une extraordinaire exp&eacute;rience de cin&eacute;ma, po&eacute;tique et sensuelle.

Un grand voyage vers la nuit

En 2001,&nbsp;la jeune&nbsp;Qiao est amoureuse de Bin, petit chef&nbsp;de la p&egrave;gre locale de Datong. Alors que Bin est attaqu&eacute; par une bande rivale, Qiao prend sa d&eacute;fense et tire plusieurs coups de feu. Elle est condamn&eacute;e &agrave; cinq ans de prison. A sa sortie, Qiao part &agrave; la recherche de Bin et tente de renouer avec lui. Mais il refuse de la suivre. Dix ans plus tard, &agrave; Datong, Qiao est c&eacute;libataire, elle a r&eacute;ussi sa vie en restant&nbsp;fid&egrave;le aux valeurs de&nbsp;la p&egrave;gre. Bin, us&eacute; par les &eacute;preuves, revient pour retrouver Qiao, la seule personne qu&rsquo;il ait jamais aim&eacute;e&hellip;

Entre polar et romance, Jia&nbsp; Zhang-ke dessine une fresque de la Chine contemporaine et offre un r&ocirc;le sublime &agrave; sa muse Zhao Tao.

Polars chinois

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