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Paranoid Park

2007

Cinéma

Etats-Unis

9avis

D'une grande poésie visuelle, Une histoire sidérante d'ado et de mort par l'auteur d'Elephant (Palme d'or à Cannes en 2003).

Alex, un jeune skater, tue accidentellement un agent de sécurité près du terrain de glisse le plus malfamé de Portland, le Paranoid Park. Il ne dit rien à personne mais raconte les circonstances du drame dans un journal intime. Fuyant ses copains de lycée, indifférent à sa petite amie, livré à lui-même par des parents en instance de divorce, Alex se retranche peu à peu du monde, en proie à une angoisse oppressante.

 

La critique des Fiches du Cinéma

Il serait trop facile de dire que Gus Van Sant exploite le filon “cinéma contemplatif” qui a fait le succès d'Elephant et le demi-échec de Last Days. Certes, on sait d'emblée où l'on se trouve, lorsque les premières images, flottantes, suivent la démarche aérienne du jeune héros légèrement voûté. Certes, Gus Van Sant s'amuse ici encore à déconstruire son histoire, pour savamment reconstruire l'intrigue, en plaçant les pièces du puzzle au fur et à mesure, là où elles se présentent, quitte à les remettre sur le tapis pour les replacer plus tard, lorsque le jeu offrira une nouvelle perspective. Mais ce Paranoid Park, s'il peut sembler n'être qu'un quatrième élément superflu dans ce qui devait constituer une trilogie (Gerry, Elephant et Last Days), est plus surprenant qu'il n'y paraît. Gus Van Sant s'y révèle d'une étonnante décontraction, qui cacherait presque son incroyable maîtrise de la mise en scène, si visible dans son évocation très cérémonieuse des derniers jours de Kurt Cobain. Le réalisateur de Portland joue cette fois ouvertement avec le spectateur, en lui offrant ici une longueur d'avance, là un train de retard, pour mieux le bousculer au moment où il mettra vraiment les pendules à l'heure. La mort de l'agent de sécurité est, en effet, révélée dans un plan pour le moins étranger à l'univers de Gus Van Sant. Mi-gore mi-comique, cette scène semble inviter le spectateur à ne pas se reposer sur ce qu'il connaît du filon “cinéma contemplatif”. Et finalement, le plus surprenant est de réussir ainsi à mettre en place ce que l'on pourrait presque appeler une “contemplation participative”.

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