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Pacifiction - Tourment sur les îles

2022

Thriller

Espagne, France

1avis

Récompenses:

César 2023 - Meilleur acteur, Meilleure photographie

Cannes 2022 - Sélection officelle, Compétition

Benoît Magimel en politicien roué déambule dans un Tahiti à l’atmosphère paranoïaque – un chef d’œuvre d’Albert Serra.

Sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, le Haut-Commissaire de la République De Roller, représentant de l’État Français, est un homme de calcul aux manières parfaites. Dans les réceptions officielles comme les établissements interlopes, il prend constamment le pouls d’une population locale d’où la colère peut émerger à tout moment. D’autant plus qu’une rumeur se fait insistante : on aurait aperçu un sous-marin dont la présence fantomatique annoncerait une reprise des essais nucléaires français.

 

La critique des Fiches du Cinéma

Après une quinzaine d’années à travailler des figures mythologiques - Don Quichotte, les Rois mages, Casanova, Dracula, Louis XIV... - Albert Serra s’attaque enfin au contemporain. Le décor du film - la Polynésie - reste encore lourd d’invitations à la rêverie et au romanesque. Mais la figure centrale - un haut fonctionnaire d’État - est, elle, a priori très loin de relever du mythe. Si le film joue sur un principe de glissement et qu’il ne serait pas faux de dire qu’il commence comme un épisode de Strip-tease pour se terminer comme un film de Lynch, la méthode de Serra consiste à déplacer ce glissement jusque dans l’intérieur des scènes. Ainsi on a le sentiment qu’il détoure des séquences ordinaires, semi-documentaires, pour les recoller sur le fond ambigu d’une atmosphère de rêve tendant vers le cauchemar. Au centre du tableau, trône Benoît Magimel, exceptionnel bloc de présence, à la fois incontestable et insondable. À travers lui, le film capte une sorte de novlangue banale des politiques et des technocrates - sabir “proche du peuple”, se nourrissant de phrases toutes faites et de connaissances superficielles sur tous les sujets - qu’il restitue avec une parfaite exactitude, mais présente dans un bain d’étrangeté qui révèle ce qu’il est vraiment : le symptôme d’une certaine forme de folie ordinaire. Car l’objectif du film est là : brouiller tous les repères pour faire voir tout autrement. Et notamment faire apparaître en transparence, sous la pantomime politique et administrative, tout le refoulé qui échappe à son contrôle. Doté d’une beauté plastique d’apparition, tendu vers une permanente exacerbation de la sensibilité visuelle et auditive, et voué à produire des visions, Pacifiction est, dans tous les sens du terme, un film stupéfiant.

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