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Fin observateur de la réalité contemporaine, le britannique Mike Leigh est reconnu comme l’un des plus grands directeurs d’acteurs de sa génération.

C’est un bon fils et un homme exécrable, un génie et un monstre. En cette première moitié du XIXe siècle, J. M. W. Turner, géant de la peinture, ne vit que pour son art, rustre sans âge qui dessine compulsivement dans des carnets, négligeant ses proches, sa dévouée et aimante servante comme son ancienne maîtresse, mère ulcérée de ses filles. Seule la profonde complicité avec son assistant de père, dont le vieux cœur se gonfle d’orgueil devant le talent fou de son rejeton, laisse entrevoir l’humanité de l’infréquentable artiste. Lequel, solitaire, nourrit son obsession de la lumière par de longues déambulations-contemplations, scrutant infiniment l’horizon maritime, voire tentant d’éprouver la tempête, en se faisant ligoter à un mât. Art brutDans une Angleterre humide nimbée de brumes, entre un Londres inhospitalier et un puissant bord de mer, Mike Leigh restitue les vingt-cinq dernières années du peintre en croquant son quotidien par petites touches impressionnistes. Sans le ménager - il ne cache rien ni de ses grognements, son langage de prédilection, ni de ses tendances lubriques -, le cinéaste s’attache d’abord, à travers son ogre de héros, à sonder le mystère de la création, quête infinie dépassant tout à la fois Turner et le cinéaste lui-même, qui s’en empare pour mieux s’en étonner. Il s’imprègne des ciels crépusculaires, traque l’inspiration et ses voies impénétrables, entre les errances de l’artiste inadapté et ses fulgurances raffinées, qui bousculent la Royal Academy de l’époque romantique, à la veille de l’émergence de la photographie. À ce titre, Mr. Turner, qu’incarne sans concession un Timothy Spall habité (prix d’interprétation à Cannes) pour le rendre plus sensible qu’attachant, diffère du biopic classique&nbsp;– une manière d’hommage à la transcendance.

Mr Turner

Mike Leigh&nbsp;raconte les&nbsp;dernières années du peintre britannique&nbsp;Turner, interprété par un Timothy Spall habité.

Une ann&eacute;e, quatre saisons, dans la vie Tom et Gerri, couple heureux et uni, de leur fils unique Joe, n&eacute;o-trentenaire c&eacute;libataire, et de quelques amis et parents &laquo; caboss&eacute;s &raquo; par la vie. Des gens &laquo; ordinaires &raquo; pour une peinture attachante de personnages vivant &agrave; Londres et dans le Lancashire.

 
La critique des Fiches du Cin&eacute;ma 
Sans doute l&#39;&acirc;ge de Mike Leigh (67 ans) n&#39;est-il pas indiff&eacute;rent &agrave; son choix d&#39;explorer les effets du temps qui passe sur les gens ordinaires, ceux qu&#39;il conna&icirc;t et comprend. Au-del&agrave; de cette envie, il creuse ici ce dont il avait trait&eacute; de fa&ccedil;on moins convaincante dans son pr&eacute;c&eacute;dent film, Be Happy : le lien organique entre la protection du bonheur et une certaine dose d&#39;&eacute;go&iuml;sme. Pour ce faire, il s&#39;appuie sur une construction et une &eacute;criture d&#39;une intelligence redoutable et d&#39;une implacable pr&eacute;cision. De ce couple &agrave; l&#39;harmonieuse complicit&eacute;, en apparence altruiste et g&eacute;n&eacute;reux, il d&eacute;voile, par de discr&egrave;tes notations de regards et de remarques &eacute;chang&eacute;s, les limites d&#39;une empathie qui leur procure, en toute bonne conscience, un confort moral sup&eacute;rieur. Autour de ce pivot affectif, qui se teinte, au fil des s&eacute;quences, d&#39;une doucereuse cruaut&eacute;, Mike Leigh fait graviter puis &eacute;merger les figures de leurs bonnes &oelig;uvres, destin&eacute;es &agrave; le rester, et notamment le personnage de Mary, arch&eacute;type, dans un premier temps, du second r&ocirc;le de copine stress&eacute;e, volubile et plut&ocirc;t envahissante. Aussi &eacute;mouvante que crispante, elle fait d&#39;abord sourire par ses m&eacute;saventures. De confidences avin&eacute;es en maladresse chronique, de flirt path&eacute;tique en agressivit&eacute; d&eacute;solante, elle finit par rendre les armes. Le cin&eacute;aste l&#39;accompagne jusqu&#39;&agrave; sa d&eacute;faite, plan final bouleversant qui laisse groggy. Aventure d&#39;acteurs s&#39;il en est, le film est formidablement servi par des interpr&egrave;tes familiers de l&#39;univers de Leigh. Tous m&eacute;ritent notre admiration. N&#39;en citons qu&#39;une : Lesley Manville, inoubliable Mary aux r&ecirc;ves pi&eacute;tin&eacute;s, qui lutte si vaillamment contre la d&eacute;pression.

ANOTHER YEAR

Printemps, &eacute;t&eacute;, automne et hiver. La famille et l&#39;amiti&eacute;. Amour et r&eacute;confort. Joie et peine. Espoir et d&eacute;couragement. La fraternit&eacute;. La solitude. Une naissance. Une mort. Le temps passe...

Another Year

Phil, un chauffeur de taxi, et Penny, une caissi&egrave;re dans un supermarch&eacute;, voient leur vie de couple et de famille se d&eacute;sagr&eacute;ger. Leur fille Rachel fait le m&eacute;nage dans une maison de retraite, tandis que leur fils Rory est ch&ocirc;meur. Survient alors un &eacute;v&eacute;nement qui va transformer leur vie et leur faire &agrave; nouveau d&eacute;couvrir l&#39;amour.

Quand leur fils est hospitalis&eacute; d&#39;urgence, Phil et Penny red&eacute;couvrent l&#39;amour qu&#39;ils &eacute;prouvaient l&#39;un pour l&#39;autre et que le quotidien avait tari.

All or Nothing

Cynthia Purley travaille en usine et vit avec sa fille Roxanne, employ&eacute;e d&#39;entretien &agrave; la voirie, dans une vieille maison, au sein d&#39;un quartier populaire. Les deux femmes se disputent sans cesse et Cynthia noie son chagrin dans l&#39;alcool, fuyant une vie qui ne lui a jamais fait de cadeaux. Elle a d&ucirc; &eacute;lever seule son fr&egrave;re Maurice, avant de tomber enceinte d&#39;une petite Elizabeth, abandonn&eacute;e apr&egrave;s l&#39;accouchement et adopt&eacute;e par d&#39;autres. Elle ne partage ce secret qu&#39;avec son fr&egrave;re. Aujourd&#39;hui, celui-ci, mari&eacute; &agrave; Monica, prosp&egrave;re dans son atelier de photographie et d&eacute;laisse sa soeur. Le retour d&#39;Elizabeth, devenue depuis Hortense et en qu&ecirc;te de sa vraie m&egrave;re, va &eacute;branler l&#39;&eacute;difice familial, pris au pi&egrave;ge de ses silences et de ses pr&eacute;jug&eacute;s...

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Chaque sc&egrave;ne est parfaitement &eacute;crite, chaque personnage cisel&eacute; avec pr&eacute;cision. Mike Leigh &eacute;vite tous les pi&egrave;ges, y compris celui de la &quot;qualit&eacute; anglaise&quot; : il s&#39;autorise m&ecirc;me, ici ou l&agrave;, des moments de pure improvisation, notamment lorsque les personnages sont confront&eacute;s les uns aux autres. Pour obtenir un authentique effet de surprise, le cin&eacute;aste s&#39;est permis de &quot;jouer&quot; avec ses acteurs. Au moment de tourner la sc&egrave;ne dans laquelle Cynthia pr&eacute;sente Hortense &agrave; sa famille, personne sur le plateau ne savait qu&#39;elle &eacute;tait sa fille naturelle ! En dosant le naturel et la surprise, en imaginant des personnages pittoresques et cr&eacute;dibles, le film trouve son &eacute;quilibre entre rires et sanglots.

En dosant le naturel et la surprise, en imaginant des personnages pittoresques et cr&eacute;dibles, le film de Mike Leigh trouve son &eacute;quilibre entre rires et sanglots.

Mike Leigh

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