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Les plages d'Agnès

2008

Cinéma documentaire

France

3avis

Récompenses:

César 2009 - César du Meilleur documentaire
Prix Henri Langlois
Mostra de Venise 2008 - Sélection officielle Hors compétition

L'autoportrait tout en tours et malices d'Agnès Varda à l'aube de ses 80 ans. Un délice acidulé, très joliment filmé, qui glisse avec légèreté sur des vagues à l'âme.

C'est un petit bijou finement taillé qui ose tout ou presque, une dérive cinématographique, en noir et blanc et en couleur, au fil des p(l)ages parcourues par dame Agnès. Pour ses "80 balais" en 2008, Agnès V. s'offre un inventaire à la Perec, et remonte le cours de sa vie à reculons, d'autant plus facétieuse dans l'exercice que "la petite vieille bavarde et rondouillarde" s'y sait rétive. Et vogue le navire, des côtes belges de ses premières années (numéro trois d'une fratrie de cinq) aux quais enviés de Sète et leurs pointus, dont elle emprunte un spécimen pour tenir crânement la barre sur la Seine, et de Noirmoutier au Paris-plage improvisé de sa maison-studio de la rue Daguerre. Il y a encore la Californie embrasée des sixties, entre Hollywood et Amérique des Black Panthers.

Avec une irrésistible inventivité, la cinéaste-photographe se joue des miroirs du temps, pour composer un kaléidoscope (très) animé. Photos, les siennes et d'autres, montages, reconstitutions – en costumes dont un superbe maillot de bain à rayures –, saynètes comme ce cirque ambulant sur le sable : la grand-mère qu'elle est devenue saute d'une flaque (de souvenirs) à l'autre, sans tambour ni trompette, avec une constante légèreté, pour glaner des petits bouts de mémoire. L'occasion aussi de rendre visite aux figures de ses films d'hier. Au fil du film, les visages aimés et disparus traversent doucement l'espace-temps, parmi lesquels Jean Vilar, Jim Morrison, Calder, Chris Marker (dont le Monsieur Chat ajuste parfois d'improbables transitions) et bien sûr le "plus chéri" d'entre eux, Jacques Demy qui n'a jamais cessé de l'accompagner. Et celle qui "aime le flou, surtout au premier plan" de rappeler, comme l'amie Jane B. des "Dessous chics", qu'au final, "même si on déballe tout, on ne dévoile pas grand-chose".

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