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Les bruits de Recife

2012

Drame

Brésil

0avis

Récompenses:

Meilleurs film et scénario, Rio de Janeiro 2012 - Meilleurs film et scénario, Lima 2013 - Meilleur scénario, Grand prix du cinéma brésilien 2014

La chronique stylisée d’une rue bourgeoise de Recife rongée par le fantasme de l’insécurité.

La vie dans un quartier de classe moyenne de la zone sud de Recife est perturbée par l’arrivée d’une société de sécurité privée. La présence de ces hommes est source de tranquillité pour certains et de tension pour d’autres, dans une communauté qui semble avoir beaucoup à craindre. Une chronique brésilienne, une réflexion sur l’histoire, la violence et le bruit.


La critique des Fiches du Cinéma
Intriguant et remarquablement maîtrisé, Les Bruits de Recife propose un cinéma tout à fait original. Chronique réaliste du Brésil d'aujourd'hui, critique acerbe d'une classe moyenne déconnectée du reste de la société, western urbain parcouru d'éclats fantastiques, ce récit inclassable embrasse avec une singulière aisance la complexité d'un pays. À une intrigue sociologiquement édifiante, Mendonça Filho préfère une succession de tranches de vie, en apparence banales, mais dont le traitement formel ne l'est aucunement. Le son, tout d'abord, est d'une précision qui confine à l'étrangeté. Il agit comme un révélateur d'une réalité ineffable et inquiétante au-delà du visible. Il interroge, par sa clarté, son fourmillement ou son absence, le sens de chaque scène. La caméra alterne quant à elle travellings raffinés, plans savamment composés et prises de vue à l'épaule, dans un Cinémascope splendide magnifiant une mise en scène tout en économie et en subtilité. Jamais didactique, le réalisateur brésilien fait le portrait éloquent d'une petite bourgeoisie molle prospère, sans vice particulier mais d'une profonde condescendance à l'égard des subalternes. Mais ce que le film met aussi en scène, c'est le retour du refoulé historique dans un pays où l'esclavage, aboli en 1888, fut massif et s'étala sur près de quatre siècles. Sous le vernis du pays émergent multiculturel et pacifié ressurgissent des rapports de domination archaïques aux conséquences sociales bien réelles. En s'intéressant à ce retour d'un passé non soldé car pas suffisamment questionné, Mendonça Filho, tout en restant résolument local, touche à l'universel et interroge notre propre histoire. _G.R.

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