1912. Maud Watts, mariée et mère d’un petit garçon, travaille depuis l’enfance dans une blanchisserie industrielle des faubourgs de Londres, où elle a grandi. Envoyée livrer un colis dans les beaux quartiers, l’ouvrière se retrouve malgré elle au milieu d’un groupe d’émeutières qui revendiquent, à coups de pavés dans les vitrines, le droit de vote pour les femmes. Parmi elles, Maud reconnaît Violet, une de ses collègues. D’abord méfiante devant des méthodes qu’elle juge peu respectables, l’obéissante jeune femme, qui s’était jusqu’alors résignée à vivre sous la botte des hommes – du mari au contremaître –, prête peu à peu l’oreille aux arguments de ces "suffragettes" qui commencent à faire grand bruit dans la presse et jusque sur les bancs du Parlement. Alors que Violet a été invitée à témoigner de son vécu devant la commission chargée d’examiner une proposition de loi sur le suffrage féminin, Maud décide de l’y accompagner… Quand la loi est rejetée, la jeune femme, indignée, s’engage pour de bon auprès de ses nouvelles sœurs de combat, au risque de tout perdre. 
 

En retraçant les luttes qui ont précédé l’adoption, en 1918, du droit de vote des femmes au Royaume-Uni, à travers la prise de conscience féministe d’une ouvrière anonyme (épatante Carey Mulligan), Sarah Gavron évite l’écueil de la sage reconstitution historique, et donne à son film une épaisseur tout à la fois humaine et politique. Filmé caméra à l’épaule, au plus près des personnages, entre la blanchisserie à l’atmosphère poisseuse et les ors du Parlement, ce long métrage met en lumière la très grande violence de ce conflit qui a déchiré la société britannique, des actes de sabotages aux grèves de la faim en passant par la répression policière brutale. En leur redonnant corps, il ne manque pas de rendre hommage à plusieurs de ses figures historiques : Emmeline Pankhurst (incarnée avec poigne par Meryl Streep) ou la "martyre" Emily Davison, qui mourut pour la cause en se jetant devant le cheval du roi, en 1913, lors du Derby d’Epsom.