Luc, jeune menuisier formé au travail du bois par un père qu’il chérit, se rend à Paris pour présenter le concours de la prestigieuse école Boulle. À un arrêt de bus, il fait la connaissance de Djemila, avec qui il vit une brève aventure. Mais alors que la jeune femme lui écrit des lettres passionnées, l’aspirant ébéniste, de retour chez lui, renoue avec Geneviève, son amour d’adolescence, recroisée par hasard. Lorsque cette dernière lui annonce sa grossesse, Luc, admis au concours, part s’installer à Paris sans se retourner. Là-bas, il s’éprend de Betsy, qui lui impose un ménage à trois avec Paco, son collègue et amant.

Comme son héros façonne le bois, Philippe Garrel a ciselé avec délicatesse un somptueux écrin en noir et blanc pour ses personnages. Au fil d’un récit jalonné de larmes, le réalisateur capte dans un même mouvement les errements sentimentaux d’un jeune inconstant – incarné par le débutant Logann Antuofermo, tout en charme et lâcheté – et la relation aux échos autobiographiques, pétrie d’amour et de transmission, d’un fils et de son père. De la province à Paris, dans un univers à la fois contemporain et d’un autre temps, il dresse ainsi sur la route de Luc trois profils féminins : la romantique Djemila (Oulaya Amamra, César du meilleur espoir féminin pour Divines), la sensuelle Geneviève (Louise Chevillotte, déjà au casting de L’amant d’un jour) et l’affranchie Betsy (Souheila Yacoub, vue notamment dans la série No Man’s Land). Cette œuvre frémissante, à la beauté dépouillée, se distingue aussi pour une magnifique scène de danse au son de "Fleur de ma ville" de Téléphone et pour la performance d’André Wilms (Le Havre), bouleversant de tendresse dans ce qui sera l’un de ses derniers rôles.