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La vie devant soi

1977

Patrimoine

France

1avis

Récompenses:

Oscar 1978 - Meilleur film international

César 1978 -  Meilleure actrice (Simone Signoret)

Moshé Mizrahi offre à Simone Signoret l'un de ses plus grands rôles en adaptant l'âpre chef-d'oeuvre de Romain Gary.

Au dernier étage d'un immeuble vétuste de Belleville, Mme Rosa, rescapée d'Auschwitz et ex-prostituée, survit en élevant pour quelques sous les enfants des tapineuses qui lui ont succédé sur le trottoir. Un lien indéfectible l'unit au plus ancien de ses pensionnaires, Mohammed, dit "Momo", à qui elle fait prodiguer des leçons d'islam et d'arabe par M. Hamil, mais que l'école du quartier met à la porte parce qu'il est devenu trop grand. Momo ne connaît pas son âge et ne sait même pas s'il a des parents, mais Mme Rosa ne répond jamais à ses questions. Quand il est trop triste, elle l'amène chez le docteur Katz, qui la rassure : "Momo, c'est un tendre, et la tendresse, c'est pas une maladie." En plus d’être vieille, Mme Rosa est vraiment malade. Un jour, elle ne peut plus monter l'escalier, et Momo lui promet qu'on ne l'emmènera pas à l'hôpital, où elle refuse d’aller.


Quand Moshé Mizrahi adapte La vie devant soi, en 1977, l'identité du mystérieux Émile Ajar, couronné d'un prix Goncourt qu'il a refusé, est encore inconnue – elle ne sera révélée qu'après la mort de Romain Gary, trois ans plus tard. Le cinéaste israélien, qui a surtout tourné en France, parvient à convaincre Simone Signoret d'incarner sa Mme Rosa (Yves Montand s'y oppose, car elle doit se vieillir et grossir pour le film) et lui offre ainsi un rôle inoubliable. La star disparaît derrière le personnage, lui donnant ce qu'il faut de gouaille, tenant le pathos en respect comme le fait dans le livre la langue si inventive, si riche et si drôle de Momo le narrateur, dont la verve imprègne les dialogues. Face à elle, le jeune Samy Ben Youb prête son naturel et sa grâce à cette histoire d'amour entre deux irrésistibles naufragés. S'effaçant lui aussi, Moshé Mizrahi opte pour une réalisation à la fois sobre et discrète, dont il confie l'image au grand Néstor Almendros. Tournée dans le même Belleville populeux, cosmopolite et modeste que celui du roman, mise en musique par Philippe Sarde, cette Vie devant soi reste à ce jour la plus fidèle adaptation à l'écran de cet âpre chef-d'œuvre. 

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