Professeur d’université respecté, le séduisant docteur Jonathan Hemlock transmet sa passion de l’art à un public conquis, et notamment à des étudiantes enamourées. Collectionneur de toiles de maîtres modernes, il finance sa passion en travaillant aussi comme tueur à gages pour une obscure agence gouvernementale de renseignement, dirigée par un albinos hypocondriaque surnommé Dragon. Alors qu’il a décidé de raccrocher, il accepte un dernier contrat pour s’offrir le Pissarro qu’il convoite et venger un de ses amis assassiné. Lors de cette mission, l’ancien alpiniste chevronné qu’il est doit identifier et abattre sa cible au cours d’une dangereuse ascension de l’Eiger, un sommet des Alpes suisses.

Flegme et sex-appeal
Quatrième long métrage de Clint Eastwood en tant que réalisateur, La sanction n’atteint pas la maîtrise de ses films à venir, de Bird à Impitoyable. Mais sa signature s’y reconnaît déjà, à travers le code d’honneur qui habite le professeur-tueur à gages, l’humour cinglant et un certain art du contrepied chez cet anticonformiste conservateur – la brillante agente afro-américaine et l’Indienne futée face à une cohorte de Wasp écervelées. Alors que le scénario, une histoire d’espionnage au parfum de guerre froide, et les personnages secondaires – qui frôlent la caricature à quelques dénivelés du politiquement correct – lui apportent un certain charme seventies, son côté James Bond est renforcé par le flegme et le sex-appeal du héros. Dans un impressionnant décor de montagne balayée par le vent et la neige, le cinéaste enchaîne avec maestria les plans panoramiques de la périlleuse ascension, filmée pour l’essentiel sans trucage. Clint Eastwood exécute lui-même ses cascades, le duo qu’il forme avec un formidable George Kennedy en truculent maître d'escalade composant peut-être la partition la plus réussie de ce thriller aux allures de film d’aventure.