

La Crise
Metadata du programme
- Comédie•
- Cinéma•
- France•
- Italie•
- 1h35•
- 1992•
- VF
Description du programme
Coline Serreau offre la radiographie d’une époque non révolue, avec Vincent Lindon et Patrick Timsit en duo burlesque.
Conseiller juridique et père de deux enfants, Victor découvre un matin au réveil que sa femme l’a quitté, et apprend dans la foulée son licenciement. Anéanti, il cherche en vain une oreille compatissante parmi ses proches, tous indisponibles car eux-mêmes englués dans une série de problèmes. Le cadre défait finit par échouer la nuit dans un bistrot, où seul Michou, un SDF logorrhéïque, lui prête attention dans les vapeurs d’alcool, avant de ne plus le lâcher dans l’espoir d’échapper à la mouise...
Outrances et nuances
Il y a Victor (Vincent Lindon en pleine ascension), quadra pétri d’égoïsme de la fin des "années fric", dont les certitudes aveugles volent en éclats ; Michou (Patrick Timsit, touchant), vagabond des temps postmodernes originaire d’une Seine-Saint-Denis au rouge déclinant, tentée par un Front national frôlant les 15 % ; Marie, l’épouse éreintée fuyant ce que l’on n’appelle pas encore la "charge mentale" ; la mère de Victor (Maria Pacôme en majesté), énergique sexagénaire plaquant tout sans états d’âme pour s’épanouir dans une torride histoire d’amour ; et Isa (Zabou Breitman, parfaite de rigidité), la sœur adulescente refusant les contraintes conjugales... Orchestrant un malicieux chamboule-tout à travers cette galerie de personnages en crise, Coline Serreau s’amuse ostensiblement à brosser une fin de siècle déboussolée. Car, sous le voile brodé de motifs burlesques de la comédie, déluge de hasards et déboires cocasses, la cinéaste pointe finement les dérives d'une époque épique, qui tend, trois décennies plus tard, un miroir encore pertinent à la nôtre. Regard sans complaisance, mais jamais dénué de tendresse, sur le couple et ses faux-semblants, le film, succès public et critique, dépeint aussi avec justesse le cynisme des politiques à l’heure du "rémi" (le RMI). Ainsi ce député socialiste du crépuscule mitterrandien qui laisse en son château échapper son mépris de classe, avant d’être fustigé par ses écolos radicaux d’enfants, dont on soupçonne qu’ils suivront, l’âge de la rébellion passé, une voie similaire à la sienne. C’est tout l’art de la réalisatrice d’user d’outrances pour mieux manier la nuance, et d’ausculter joyeusement les maux de la société pour ne pas désespérer.
César 1993 - Meilleur scénario original ou adaptation