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Just Kids

2020

Drame

France, Suisse

2avis

Le road-movie touchant d'adolescents orphelins et désorientés.

Jack, 19 ans, Lisa, 17 ans, et Mathis, 10 ans, se retrouvent brutalement orphelins. Chacun réagit à sa façon à la catastrophe familiale.
Lisa prend ses distances, Jack, tout juste majeur, se voit confier la garde de Mathis. Une nouvelle vie commence. Mais comment être responsable d’un enfant quand on est soi-même à peine sorti de l’adolescence ? Et comment se construire un avenir quand le passé devient une obsession dangereuse ?
 

La critique des Fiches du Cinéma
De prime abord c'est un peu le prototype du film social naturaliste à la française. Mais avec, en plus, de la réalisation. C'est-à-dire un regard. Ce qui fait qu'au bout du compte c'est totalement autre chose. Là où le cinéma social version standard nous désigne un sujet, nous “donne à voir” une réalité, Christophe Blanc (qui est un cinéaste, chaque plan en porte la certification), lui, nous fait partager une vision, ce qui n'est pas du tout la même chose. Sans cesse animé d'idées visuelles pour prendre un angle un peu décalé sur les choses, pour introduire du mouvement et de l'inattendu dans un cadre fixe, pour jouer avec les vitesses dans le montage, le film invente sa propre langue et s'appréhende moins comme un récit que l'on suit que comme une personne que l'on découvre, et dont on capte progressivement le charme. S'il est régulièrement traversé de réminiscences cinématographiques (sur un pas de porte, un voyou se réapproprie une phrase de Godard ; d'un autoradio sort la musique de L'Important c'est d'aimer, etc.) le film tire sa matière première de la vie, avec label d'authenticité puisqu'il s'agit de celle de l'auteur. Et toute l'intensité et le lyrisme rentré de Just Kids se diffuse à partir de ça : de ce va-et-vient - tenant à la fois de la danse et du ping-pong - entre la confrontation avec le réel et l'élan vers la fiction. Les personnages suivent le même mouvement : totalement crédibles dans la “vraie vie”, on les sent tendre furieusement à prendre la dimension de véritables personnages de cinéma. On l'aura compris, Just Kids est un très beau film. C'est pourtant seulement le troisième en vingt ans de Blanc, grand cinéaste en puissance, que l'époque enlise dans d'infinis débuts, l'empêchant de devenir pleinement ce qu'il pourrait être : un auteur de premier plan.

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