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Cinéaste indépendant attaché à ses convictions artistiques, James Gray construit une œuvre marquée par le classicisme, l’influence du cinéma européen et du Nouvel Hollywood, ainsi que par une attention minutieuse à l’émotion et à la profondeur de ses personnages. Polar, romance ou épopée : quel que soit le genre, ce grand habitué du Festival de Cannes explore avec intensité et maîtrise la part la plus intime de ses protagonistes.

L’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.

Armageddon Time

James Gray signe une chronique sensible et intime de la jeunesse américaine dans les années 80.

Cork, Irlande, 1905. Militaire accompli, &eacute;poux amoureux de l&#39;&eacute;clatante Nina, avec laquelle ils ont d&eacute;cid&eacute; de former un couple &quot;d&#39;&eacute;gaux&quot;, et p&egrave;re du petit Jack, le major Percy Fawcett a soif de reconnaissance. Parce que son p&egrave;re, aristocrate d&eacute;chu, fut un ivrogne et un joueur, sa carri&egrave;re pi&eacute;tine. Est-ce cette faille discr&egrave;te, ou son talent pass&eacute; pour les relev&eacute;s cartographiques, qui le fait convoquer &agrave; Londres par la Soci&eacute;t&eacute; royale de g&eacute;ographie pour une mission quasi impossible ? Tandis que Nina attend leur deuxi&egrave;me fils, il gagne la Bolivie et s&rsquo;enfonce dans la jungle amazonienne avec une poign&eacute;e de soldats perdus afin de d&eacute;limiter une fronti&egrave;re, &agrave; la rencontre de tribus indiennes qui jouissent encore de leurs terres inviol&eacute;es. D&eacute;jouant la mort, il croit trouver &agrave; la source d&#39;un fleuve les vestiges d&#39;une civilisation disparue. Un monde insoup&ccedil;onn&eacute; que, d&eacute;sormais, il n&rsquo;aura de cesse de r&eacute;v&eacute;ler.

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La critique des Fiches du Cin&eacute;ma

Plus que de l&#39;aventure, le dernier opus de James Gray (Two Lovers, The Immigrant) rel&egrave;ve de l&#39;&eacute;pop&eacute;e qui, dixit Larousse, &ldquo;est un r&eacute;cit po&eacute;tique o&ugrave; se m&ecirc;lent le merveilleux et le vrai, la l&eacute;gende et l&#39;histoire et qui c&eacute;l&egrave;bre un h&eacute;ros ou un haut fait&rdquo; ; un genre o&ugrave; l&#39;on n&#39;attendait pas l&#39;ultra-citadin r&eacute;alisateur new-yorkais. Pourtant, &agrave; l&#39;image de son protagoniste, James Gray a d&eacute;velopp&eacute;, selon ses propres termes, une v&eacute;ritable obsession &agrave; porter ce projet &agrave; l&#39;&eacute;cran. Se fondant sur l&#39;ouvrage &eacute;ponyme de David Grann, Gray d&eacute;ploie, dans cette entreprise &agrave; la folle ambition, une impressionnante palette de talents. De la jungle urbaine &agrave; la jungle amazonienne, des salons victoriens aux tranch&eacute;es de la Somme, il capte toutes les nuances d&#39;un personnage complexe, d&eacute;vor&eacute; par un r&ecirc;ve plus grand que lui. De l&#39;intimit&eacute; de ses relations familiales aux p&eacute;rils de la for&ecirc;t tropicale en passant par la controverse scientifique, son Fawcett n&#39;a qu&#39;un but, aussi orgueilleux qu&#39;humaniste : d&eacute;montrer qu&#39;une civilisation &eacute;clatante pr&eacute;exista &agrave; notre arrogante civilisation jud&eacute;o-chr&eacute;tienne. Fameux de son vivant, Fawcett inspira de nombreux auteurs, &agrave; commencer par son ami Conan Doyle pour Le Monde perdu. Dans L&#39;Oreille cass&eacute;e, Herg&eacute; le croque sous les traits de Ridgewell, l&#39;explorateur demeur&eacute; chez les Arumbayas. Indiana Jones lui-m&ecirc;me lui devrait beaucoup. Au long des p&eacute;rip&eacute;ties du sc&eacute;nario, s&#39;il est vrai que surgissent tour &agrave; tour des visuels tintinesques, coppoliens, spielbergiens ou herzogiens, c&#39;est bien le regard de James Gray, son g&eacute;nie &agrave; explorer l&#39;univers masculin dont les intr&eacute;pidit&eacute;s parfois mortif&egrave;res se confrontent &agrave; l&#39;indulgence vitale des femmes, qui impriment sa marque au souffle puissant de ce spectacle.

Dans les pas d&#39;un explorateur britannique fascin&eacute; par la jungle amazonienne, James Gray signe une &eacute;pop&eacute;e grandiose sur le r&ecirc;ve, l&#39;aventure et l&#39;&eacute;chec.

The Lost City of Z

New York, 1921. Ewa et sa s&oelig;ur Magda, qui &eacute;migrent de Pologne, d&eacute;barquent &agrave; Ellis Island, la Terre promise au fond des yeux. Mais Magda, tuberculeuse, est aussit&ocirc;t plac&eacute;e en quarantaine, avant son expulsion programm&eacute;e, au grand d&eacute;sespoir d&rsquo;Ewa, qui jure de la sortir de l&agrave;. Isol&eacute;e et d&eacute;sempar&eacute;e, cette derni&egrave;re est bient&ocirc;t recueillie par Bruno Weiss, un prox&eacute;n&egrave;te, homme tout &agrave; la fois providentiel et v&eacute;n&eacute;neux, qui lui propose du travail en &eacute;change de la lib&eacute;ration de sa s&oelig;ur.

Pour sauver Magda, Ewa, la catholique, consent alors &agrave; se prostituer avant qu&rsquo;Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, ne fasse rena&icirc;tre en elle un espoir, sous le regard fou de jalousie du maquereau. 
 
&Eacute;pop&eacute;e tragique aux accents dosto&iuml;evskiens, The immigrant suit le sacrifice sublime de son h&eacute;ro&iuml;ne comme un long chemin de croix, jusqu&rsquo;&agrave; la r&eacute;demption et la gr&acirc;ce. Car en acceptant la souillure par amour pour sa s&oelig;ur, Ewa n&rsquo;en finit plus de s&rsquo;&eacute;lever.

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Avec Marion Cotillard en h&eacute;ro&iuml;ne quasi biblique et touch&eacute;e par la gr&acirc;ce, un m&eacute;lo d&eacute;chirant, sign&eacute; James Gray, qui met en sc&egrave;ne l&rsquo;envers du r&ecirc;ve am&eacute;ricain, l&rsquo;&acirc;pret&eacute; de l&rsquo;exil et la force de l&rsquo;espoir.

The Immigrant

Vieux gar&ccedil;on vivant encore chez ses parents, Leonard Kraditor peine &agrave; se remettre d&#39;une douloureuse rupture amoureuse qui l&#39;a d&eacute;vast&eacute; quelques ann&eacute;es auparavant. Apr&egrave;s une tentative de suicide rat&eacute;e, il rencontre Michelle, la nouvelle voisine de ses parents. Bient&ocirc;t Leonard devient le complice et le confident de cette s&eacute;duisante jeune femme blonde, dont il ne tarde pas &agrave; tomber &eacute;perdument amoureux. Il n&#39;en continue pas moins de courtiser la brune et touchante Sandra. Entre ces deux femmes que tout oppose, Leonard devra faire un choix. 
 
 
M&eacute;lo &agrave; huis clos

Pour son quatri&egrave;me long m&eacute;trage, James Gray laisse de c&ocirc;t&eacute; le polar pour s&#39;essayer avec brio au m&eacute;lodrame. Joaquin Phoenix y campe le r&ocirc;le d&#39;un c&eacute;libataire, un brin n&eacute;vros&eacute;, qui travaille encore avec son p&egrave;re dans la laverie familiale de Brighton Beach. Solitaire un peu gauche, ce personnage attendrissant est &eacute;cartel&eacute; entre son amour inconditionnel pour sa nouvelle voisine et la promesse de stabilit&eacute; d&#39;un mariage de raison avec la fille du futur associ&eacute; de son p&egrave;re. Dans la peau de la girl next door, Gwyneth Paltrow interpr&egrave;te une jeune femme &agrave; la vie dissolue, entre prise de drogues et relation avec un homme mari&eacute;. En parfait contrepoint, Vinessa Shaw incarne une fianc&eacute;e id&eacute;ale, sensible et attentionn&eacute;e. Si Gray abandonne le film policier, il en conserve n&eacute;anmoins les ingr&eacute;dients, en mettant en sc&egrave;ne un huis clos &eacute;touffant o&ugrave; les personnages passent leur temps &agrave; s&#39;espionner l&#39;un l&#39;autre. Pour ce faire le cin&eacute;aste filme une nouvelle fois le monde de la nuit new-yorkaise, devenu le refuge d&#39;un h&eacute;ros qui fuit un cocon familial &agrave; la fois rassurant et oppressant. Une solitude qui contraste avec la coh&eacute;sion de la communaut&eacute; juive de Brooklyn dont il est issu, et dont Gray se plait une fois de plus &agrave; d&eacute;peindre affectueusement les petits travers.

Par James Gray, un drame romantique &eacute;mouvant avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow et Vinessa Shaw.

Two lovers

&laquo; Le cin&eacute;ma est-il un langage en train de se perdre, un art qui va mourir ? &raquo; : Wim Wenders posait cette question &agrave; seize de ses coll&egrave;gues r&eacute;alisateurs dans Chambre 666 en 1982. Quarante ans plus tard, en 2022, Lubna Playoust utilise le m&ecirc;me dispositif pour poser la m&ecirc;me question &agrave; 30 cin&eacute;astes contemporains pr&eacute;sents &agrave; Cannes cette ann&eacute;e-l&agrave;, de Wim Wenders lui-m&ecirc;me &agrave; James Gray, de Rebecca Zlotowski &agrave; Claire Denis, d&#39;Olivier Assayas &agrave; Nadav Lapid &agrave; Asghar Farhadi &agrave; Alice Rohrwacher...

&quot;Le cin&eacute;ma est-il un art qui va mourir ?&quot; :&nbsp;les r&eacute;ponses de&nbsp;Wim Wenders, James Gray, Claire Denis, Olivier Assayas, Alice Rohrwacher...

James Gray

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