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Il était une fois en Anatolie

2011

Thriller

3avis

Récompenses:

Festival de Cannes 2011 - Grand Prix

Le précédent film de Nuri Bilge Ceylan, vainqueur de la Palme d'Or au Festival de Cannes 2014.

La quête d'un cadavre dans la nuit, au milieu de la steppe anatolienne, donne lieu à une méditation d'une déchirante beauté sur l'existence et le cœur des hommes.
Quelque part en Anatolie, un soir d'hiver, dans le garage miteux d'une bourgade, trois hommes se retrouvent et se mettent à boire. Plus tard, sur une route qui traverse la steppe, au crépuscule, on retrouve deux des protagonistes, menottés, chacun dans une voiture de la police, en compagnie d'un commissaire, d'un procureur et d'un médecin. Ils ont avoué le meurtre du troisième homme. Il faut maintenant retrouver le cadavre, enterré quelque part dans un champ, mais lequel ?

Tchekhov en Turquie
Sous la lune, rien ne ressemble autant à une colline qu'une autre colline, fussent-elles ornées d'un arbre rond et d'une fontaine, détails que Kenan, le principal suspect au visage tuméfié, croit vaguement se rappeler. Et tandis que la quête s'éternise, que le temps s'étire dans le noir, l'exaspération du commissaire, l'hébétude du prisonnier, la mélancolie du médecin semblent envahir l'habitacle étroit de la voiture. Nous faisant physiquement éprouver la lassitude de cette interminable équipée, la tristesse et la laideur du crime, Nuri Bilge Ceylan nous plonge en même temps dans la splendeur de la nuit qui cerne les hommes fatigués. À travers la course d'un nuage, le chant d'un oiseau, une motte de terre qui se dérobe sous un brodequin ou une conversation décousue sur le yaourt, il capte le grain même de la vie, dans sa médiocrité et sa grandeur, tissant entre le spectateur et les personnages une empathie, une émotion qui gagnent en densité à mesure que le film progresse, ou piétine, comme on voudra, jusqu'à son dénouement. Éblouissant de maîtrise formelle, ne se préoccupant en même temps que de l'essentiel, Il était une fois en Anatolie est inspiré de divers récits de Tchekhov - on découvre d'ailleurs progressivement que l'histoire est racontée du point de vue du médecin. Un parrainage que l'on décèle aussi dans la manière qu'a le cinéaste de concentrer en un instant ou un détail le sens d'une existence humaine, dans son sens de l'ellipse et de l'absurde, dans la beauté simple et déchirante du récit.

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