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De Dernier tango à Paris (1972) à La Conspiration du Caire (2024), ces documentaires explorent la genèse, les coulisses et les tournages de films devenus emblématiques.

L'équipe du film "Orange mécanique" sur le tournage

Dans ce conte philosophique glaçant, racontant le lavage de cerveau infligé par l'État à un adolescent ultraviolent, le cinéaste entrevoit une métaphore prophétique de la société occidentale. Retour sur ce film culte.

Quand Kubrick, en 1970, entreprend d'adapter le roman d'Anthony Burgess, il est au sommet de son art.

Il était une fois... "Orange mécanique"

Cinquième long métrage de Maurice Pialat, À nos amours raconte une époque, celle de la fin la libération sexuelle, et, en filigrane, une rencontre, celle de Sandrine Bonnaire, alors âgée de 15 ans, et du réalisateur, qui joue aussi le rôle de son père. Leur relation, chaste mais très forte, est au centre du film. Encore dans les rondeurs de l'adolescence, l'apprentie comédienne illumine chaque plan et joue d'instinct, ce qui enchante Pialat qui n'aime pas les acteurs "qui pensent". L'huile sur le feu Nourri de témoignages denses et de séquences clés, ce documentaire évoque cet éblouissement et un tournage "apaisé", même si le réalisateur continue néanmoins à jeter de l'huile sur le feu quand les choses ronronnent. Exemple : la scène de la réception dans laquelle Pialat – son personnage est censé être mort – fait irruption au milieu des convives, pour mieux capter leur effarement. Le réalisateur David Thompson a retrouvé les principaux protagonistes de cette aventure, à commencer par Sandrine Bonnaire, qui explique avec émotion à quel point la rencontre de Pialat a changé sa vie. Leurs témoignages permettent de mieux saisir les méthodes de travail du réalisateur qui, s'il accueillait favorablement l'imprévu, n'était pas adepte de l'improvisation totale. Tous restent marqués par cette collaboration et ce film qui apportera au réalisateur la reconnaissance qu'il attendait. Parmi eux, citons Arlette Langmann, ancienne compagne de Pialat et scénariste, Florence Quentin, première assistante, le directeur de la photo Jacques Loiseleux, l'acteur et critique Jacques Fieschi, Dominique Besnehard, chargé du casting. Sur l'insistance de Pialat, il s'attribuera l'un des rôles clés, celui du frère, dans lequel il sera remarquable.

Touché par la grâce, "À nos amours" de Maurice Pialat marque en 1983 l'éclosion d'une actrice et la rencontre d'un film d'auteur avec son public.

Il était une fois... "À nos amours"

L&#39;odeur de soufre, le scandale, l&#39;aura de Marlon Brando ont fait la notori&eacute;t&eacute; du film &quot;Le &quot;dernier tango &agrave; Paris&quot;. Mais qu&#39;en est-il du film lui-m&ecirc;me ? Le journaliste Serge July et le r&eacute;alisateur Bruno Nuytten (Camille Claudel) ont interrog&eacute; ceux qui ont particip&eacute; &agrave; l&#39;aventure : Bernardo Bertolucci, Maria Schneider, le chef op&eacute;rateur Vittorio Storaro, les assistants... Tous se souviennent d&#39;un tournage &eacute;prouvant, d&#39;une exp&eacute;rience folle et douloureuse. Personne ne pensait que le film deviendrait un ph&eacute;nom&egrave;ne de soci&eacute;t&eacute;. Personne n&#39;en est sorti indemne. &quot;Le dernier tango &agrave; Paris&quot; est-il &quot;la face noire de la r&eacute;volution sexuelle&quot;, reflet des changements et des contradictions du d&eacute;but des ann&eacute;es 70 ?

Visualisez à la demande IL ETAIT UNE FOIS... LE DERNIER TANGO A PARIS

&quot;Le dernier tango &agrave; Paris&quot; revu par ceux qui l&#39;ont fait et replac&eacute; dans l&#39;effervescence du d&eacute;but des ann&eacute;es 70.&nbsp;

Il était une fois… "Le dernier tango à Paris"

&quot;Bienvenue au club&quot; : au lendemain des oscars 1976, Milos Forman re&ccedil;oit un t&eacute;l&eacute;gramme de Frank Capra, le seul qui, avant lui, a remport&eacute; les cinq statuettes principales - meilleurs film, r&eacute;alisateur, sc&eacute;nario, acteur et actrice - avec New York-Miami, en 1936. Vol au-dessus d&#39;un nid de coucou vient d&#39;entrer dans l&#39;histoire. Pourtant, cette adaptation du best-seller de Ken Kesey a bien failli ne jamais voir le jour. Kirk Douglas, qui a acquis les droits du roman avant m&ecirc;me sa publication en 1962, joue le personnage de McMurphy &agrave; Broadway mais se heurte &agrave; la ti&eacute;deur des studios de cin&eacute;ma.

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Quelques ann&eacute;es plus tard, son fils, Michael Douglas, reprend les r&ecirc;nes du projet et contacte Milos Forman. S&eacute;duit par cette histoire qui le renvoie &agrave; la toute-puissance du parti communiste sur la vie de ses concitoyens, le cin&eacute;aste tch&eacute;coslovaque - il a &eacute;t&eacute; naturalis&eacute; am&eacute;ricain en 1977 - installe son &eacute;quipe de tournage dans l&#39;h&ocirc;pital psychiatrique de Salem. Avec le concours du docteur Dean Brooks, les acteurs assistent aux s&eacute;ances de th&eacute;rapie, c&ocirc;toient les patients et observent leur comportement. Et tandis qu&#39;une cinquantaine de malades font de la figuration, les autres aident ponctuellement les techniciens.

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Tourn&eacute;e dans des conditions exceptionnelles, la r&eacute;volte de McMurphy, magnifiquement interpr&eacute;t&eacute; par Jack Nicholson, &eacute;meut les spectateurs am&eacute;ricains, et le film conna&icirc;t un succ&egrave;s commercial inattendu &agrave; sa sortie, en novembre 1975.Ce documentaire regorgeant d&#39;anecdotes passionnantes m&ecirc;le habilement images d&#39;archives du tournage et entretiens avec les principaux protagonistes de cette aventure : Milos Forman, Michael Douglas, qui a coproduit le film, Dean Brooks, qui a particip&eacute; &agrave; l&#39;&eacute;criture des dialogues, et Louise Fletcher, qui a obtenu le r&ocirc;le apr&egrave;s le refus de cinq grandes stars.

Retour sur la gen&egrave;se de l&#39;une des trois &oelig;uvres de l&#39;histoire &agrave; avoir remport&eacute; les cinq oscars principaux.

Il était une fois... "Vol au dessus d'un nid de coucou"

Ils s&#39;enferment dans une relation sexuelle ininterrompue, jusqu&#39;&agrave; la mort volontaire de l&#39;homme et sa castration par Abe Sada. Au terme de son proc&egrave;s, elle est condamn&eacute;e &agrave; six ans de prison et graci&eacute;e au bout de cinq ans. Elle revendique son acte d&#39;amour. Elle devient l&#39;&eacute;g&eacute;rie du f&eacute;minisme naissant. Cinq films ont &eacute;t&eacute; consacr&eacute;s &agrave; cette histoire, entre les ann&eacute;es 60 et les ann&eacute;es 70 : celui de Nagisa Oshima est le dernier.

IL ÉTAIT UNE FOIS...L'EMPIRE DES SENS

Le sc&eacute;nario est inspir&eacute; d&#39;un fait divers tr&egrave;s c&eacute;l&egrave;bre au Japon : en 1936, Abe Sada, viol&eacute;e &agrave; quinze ans, une ancienne prostitu&eacute;e devenue servante dans une auberge , d&eacute;couvre l&#39;amour fou avec le propri&eacute;taire de l&#39;&eacute;tablissement.

Il était une fois... "L'Empire des Sens"

En 1978, Roman Polanski d&eacute;cide de tourner un m&eacute;lodrame en costumes adapt&eacute; du roman de Thomas Hardy &quot;Tess d&#39;Urberville&quot;, qui &eacute;tait l&#39;un des pr&eacute;f&eacute;r&eacute;s de Sharon Tate, la premi&egrave;re femme du cin&eacute;aste, assassin&eacute;e en 1969 (&quot;Tess&quot; lui est d&eacute;di&eacute;). Avec Tess, qui d&eacute;crit un monde agricole encore largement traditionnel, Polanski renoue aussi avec son enfance en Pologne : pendant la guerre, ses parents ayant &eacute;t&eacute; d&eacute;port&eacute;s, il fut recueilli par des paysans chez qui il apprit les travaux des champs. Longuement interrog&eacute; par Serge July, Polanski explique en quoi le tournage fut une exp&eacute;rience cathartique. &quot;Tess&quot; fut d&#39;ailleurs un moment marquant pour tous ceux qui y particip&egrave;rent. Nastassja Kinski, 17 ans &agrave; l&#39;&eacute;poque, explique en quoi le film constitua une &eacute;tape essentielle vers sa vie d&#39;adulte. Le producteur Claude Berri y mit toute sa passion et, faute de financements ext&eacute;rieurs, hypoth&eacute;qua ses biens pour le boucler. Si le tournage fut une f&ecirc;te, le montage fut un calvaire, Polanski et Berri se d&eacute;chirant notamment sur la longueur du film (Berri avait compt&eacute; sur 2h30mn mais la premi&egrave;re version faisait plus de 3h06mn !).

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Outre Roman Polanski, Nastassja Kinski et Claude Berri, Serge July a notamment rencontr&eacute; Philippe Sarde (qui a compos&eacute; la musique), Pierre Grunstein (producteur ex&eacute;cutif), Anthony Powell (chef costumier), Leigh Lawson (l&#39;acteur qui joue Alec d&#39;Urberville). Le documentaire m&ecirc;le leurs t&eacute;moignages &agrave; des extraits du film et des photos noir et blanc du tournage, ainsi qu&#39;&agrave; des montages d&#39;images d&#39;actualit&eacute; qui servent &agrave; remettre Tess dans le contexte de l&#39;&eacute;poque. D&eacute;filent ainsi, &agrave; l&#39;arri&egrave;re-plan du tournage, les luttes sociales et les bouleversements politiques de la fin des ann&eacute;es 1970.

Comment Roman Polanski réalisa Tess, drame romantique en costumes dans l'Angleterre rurale du XIXe siècle...

Il était une fois... 'Tess'

Dans les années 1980, Oliver Stone, ancien élève de Scorsese oscarisé pour Platoon, entreprend, pour sa première collaboration avec les studios hollywoodiens, de mettre en scène l’effervescence de la Bourse américaine, dopée par la dérégulation reaganienne et l’ahurissante accélération des profits. Une fresque au cœur de la jungle de la haute finance qu’il documente avec son scénariste Stanley Weiser. Dans le film, Bud Fox, jeune courtier, tente de surfer sur la déferlante de dollars, dans l’ombre du trader Gordon Gekko, prédateur survolté, inspiré par les golden boys, nouveaux maîtres du monde dont certains seront condamnés pour délits d’initiés. Ironie de l’histoire Au travers d’entretiens inédits avec les protagonistes – dont Oliver Stone et Michael Douglas –, le documentariste Rémi Lainé (<a href="http://arte-magazine.arte.tv/program/113892/La_rancon">La rançon</a>) revisite l’histoire de ce film visionnaire sorti à la veille du krach d’octobre 1987. Il montre d’abord combien le cinéaste met au jour avec lucidité les mécanismes du capitalisme financier dont les années 1980 marquent l’avènement, avant les crises à répétition comme celle des subprimes. Mais si Wall Street triomphe au box-office, il échoue dans sa critique radicale du système, hissant – ironie de l’histoire – le requin Gekko au rang d’icône de l’argent roi. Donald Trump reprendra d’ailleurs sa tirade culte "greed is right" ("la cupidité, c’est bien"). Le documentaire, enfin, lève le voile sur la filiation qui infuse le film : l'hommage d'Oliver Stone à son père, courtier gentleman d’un âge révolu ; Michael Douglas, comparé défavorablement au grand Kirk sur le tournage pour stimuler sa rage de vaincre (laquelle lui vaudra un Oscar) ; ou le puissant duo père-fils formé par Martin et Charlie Sheen, respectivement mécanicien syndicaliste et apprenti trader à l’écran. Un éclairage passionnant.

Trente ans après sa sortie, Rémi Lainé décrypte le film Wall Street d’Oliver Stone, fresque visionnaire sur la spirale boursière et les traders d'une ère reaganienne qui fait écho à celle de Trump.

Il était une fois... "Wall Street"

Vingt ans plus t&ocirc;t, &agrave; l&rsquo;endroit m&ecirc;me o&ugrave; s&rsquo;&eacute;battent des estivants en short, un gar&ccedil;on d&eacute;prim&eacute; tout juste sorti de sa fac de cin&eacute;ma tournait dans le blizzard un premier film d&rsquo;une &eacute;tonnante maturit&eacute;, d&rsquo;une d&eacute;chirante tristesse. S&rsquo;il &eacute;claire de fa&ccedil;on comme toujours passionnante l&rsquo;&oelig;uvre et son auteur, ce nouveau volet de la collection &quot;Un film et son &eacute;poque&quot;, en explorant les rues ensoleill&eacute;es de Little Odessa, apporte aussi, de l&rsquo;hiver &agrave; l&rsquo;&eacute;t&eacute;, un contrepoint joyeux &agrave; la trag&eacute;die glac&eacute;e qui a immortalis&eacute; pour toujours ce quartier de Brooklyn. Comme s&rsquo;ils exorcisaient apr&egrave;s coup la tension d&rsquo;un tournage au budget resserr&eacute;, effectu&eacute; lors &quot;du pire hiver qu&rsquo;ait connu New York depuis longtemps&quot; et mettant en sc&egrave;ne tant de violence et de douleur, tous les protagonistes, James Gray en t&ecirc;te, semblent partager une forme d&rsquo;all&eacute;gresse r&eacute;trospective.

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Celui-ci, tout en &eacute;voquant en d&eacute;tail ses influences, ses intentions ou la mani&egrave;re dont son histoire personnelle a inspir&eacute; le sc&eacute;nario, &eacute;maille le r&eacute;cit de d&eacute;sopilantes sayn&egrave;tes avec accents (germanique pour Maximilian Schell, italien quand il croque ses m&eacute;saventures de pied-tendre &agrave; la Mostra de Venise). &Agrave; son m&eacute;lange d&rsquo;autod&eacute;rision et d&rsquo;assurance r&eacute;pond la fiert&eacute; des autres protagonistes, Tim Roth et Vanessa Redgave en t&ecirc;te, d&rsquo;avoir particip&eacute; &agrave; une aventure alors plus qu&rsquo;hasardeuse, mais tout de suite entr&eacute;e par la grande porte dans l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma. Pour peindre l&rsquo;atmosph&egrave;re si particuli&egrave;re du quartier, l&rsquo;acteur &eacute;voque ainsi dr&ocirc;lement la &quot;petite vieille dame&quot; f&eacute;roce qui vint cracher sur ce qu&rsquo;elle croyait &ecirc;tre un cadavre, lors du tournage dans la rue d&rsquo;une sc&egrave;ne d&rsquo;assassinat. Maximilian Schell, qui ne cessa de grommeler dans l&rsquo;oreille du cin&eacute;aste lors de la premi&egrave;re officielle &agrave; quel point il d&eacute;testait le film, et qui vient de s&rsquo;&eacute;teindre le 1er f&eacute;vrier, ne t&eacute;moigne pas ici, pas plus qu&rsquo;Edward Furlong, dont ce fut peut-&ecirc;tre le plus beau r&ocirc;le. Mais Paul Webster, le producteur, ou le chef-op&eacute;rateur Tom Richmond, apportent sur le m&ecirc;me mode guilleret de pr&eacute;cieuses indications sur la gen&egrave;se du film ou le d&eacute;roulement du tournage. P&eacute;tillant d&rsquo;humour et d&rsquo;intelligence, ce r&eacute;cit polyphonique, &agrave; l&rsquo;image du cin&eacute;aste, son principal narrateur, livre la source de l&rsquo;&eacute;motion si forte transmise par le film, mais la tient constamment &agrave; distance.

Comment, avec un budget minime, un casting de r&ecirc;ve et un temps de chien, James Gray entra du premier coup dans la cour des grands. Un r&eacute;cit jubilatoire.

Il était une fois... "Little Odessa"

Il était une fois… des films devenus mémorables

Il était une fois...

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