Le Canada est le premier État au monde à s'être retiré du Protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre. La raison de ce désengagement politiquement incorrect se trouve sous les plaines neigeuses de la province de l'Alberta : des milliards de barils de pétrole qui font de la ville de Fort McMurray la troisième réserve mondiale. Mais l’extraction, coûteuse et polluante, de ce sable bitumineux surabondant a nécessité l'installation du plus grand site industriel de la planète. Depuis, les grandes compagnies pétrolières semblent avoir la mainmise sur la politique locale (dont la mairesse). Une influence qui pèse sur le débat citoyen, le rendant plus difficile, notamment quand il s'agit d'évoquer une pollution encore peu étudiée.

Le silence est d'or (noir)
La démocratie est-elle soluble dans le pétrole ? Peut-elle tirer son épingle du jeu face à la loi du marché ? Moins de deux ans après la mise en ligne de son jeu documentaire Fort McMoney sur arte.tv, David Dufresne revient à Fort McMurray, où les enjeux ont continué de croître dans la démesure. Il y rencontre divers acteurs de la vie locale, dont Jim Rogers, candidat malheureux aux élections municipales. À la fois très conscient des dangers et illuminé par son combat, le trappeur sert de fil rouge au film et le résume à lui tout seul : sa parole militante n'est pas écoutée, les pouvoirs attendant que les lanceurs d'alerte se fatiguent d'eux-mêmes. Une enquête sensible sur une région dont le futur a de quoi effrayer.