Figure politique influente d’une province espagnole, Manuel López Vidal est pressenti pour succéder à José Luis Frías à la tête de l’exécutif régional. Mais la machine se grippe lorsque Rodrigo Alvarado Urrea, le nouveau sous-secrétaire général de son parti, lance une croisade interne contre la corruption. Après l’arrestation de Francisco "Paco" Castillo, l’un de ses proches, à la suite d’investigations portant sur des comptes bancaires en Suisse, une perquisition a lieu au domicile de Manuel, au cours de laquelle ce dernier tente de dissimuler une clé USB. Déféré devant un juge puis libéré sous caution, il cherche à toute force à se disculper. Avant de comprendre que ses acolytes ont décidé de lui imputer la responsabilité de leurs combines… 

 

Insouciants, ils vivent dans le luxe comme des mafieux : résidences somptueuses, croisières en yacht, soirées arrosées en club et festins orgiaques au cours desquels leur appétit insatiable se déchaîne que Manuel peine à réfréner ("Hé, les gambas, c’est trois par personne, pas quatre !"). Car, de détournements de fonds européens en malversations, d’escroqueries en prévarications, Manuel (impeccable Antonio de la Torre) et ses comparses ont depuis bien longtemps franchi la ligne jaune de la légalité. Plongeant au cœur de la corruption systémique qui ronge le microcosme politique (on ne saura pas sur quelle case de l’échiquier se situe le parti pris dans la tourmente), Rodrigo Sorogoyen (Que Dios nos perdone) examine presque cliniquement l’engrenage infernal dans lequel est aspiré un dauphin promis à un bel avenir, subitement désigné comme victime expiatoire d’un appareil gangrené. Un film politique redoutable, entre satire féroce et thriller haletant.