Dans son taxi jaune, Jerry Fletcher, un paranoïaque en phase délirante, sillonne Manhattan en assénant à sa clientèle un déluge de théories du complot plus invraisemblables les unes que les autres. Désespérément amoureux d'une jeune juriste solitaire du ministère de la Justice, qu'il a secourue alors qu'elle se faisait agresser, et qui l'écoute avec une sympathie mêlée d'exaspération, il tente de la convaincre que la vie du président est en danger. Peu à peu, derrière ses accusations extravagantes, se dessine un scénario plus machiavélique encore…

"Mad Mel"
Ce qui démarre comme une parodie en apnée de Taxi Driver, dans laquelle Mel Gibson, alias "Mad Mel", donne libre cours à son talent comique sous-exploité, regagne peu à peu les rails du blockbuster classique avec stars XXL, entre les mains expertes de Richard Donner, défunt maître du genre. S'il surprend moins en chevalier blanc seul contre tous qu'en imprécateur fou, l'acteur n'a rien à prouver quand il s'agit de jouer du muscle. Quant à Julia Roberts, elle est toujours de bonne compagnie. À la lumière du succès galopant du complotisme et de la réalité parallèle qui semble peu à peu se substituer au monde connu (celle-ci nourrissant celui-là), le film revêt une dimension visionnaire inattendue, près de trente ans après sa sortie.