Après avoir fugué de la ferme paternelle, Jean est venu chercher refuge auprès de Georges, son frère aîné, qui réside à Paris chez son amie Anne. Photographe de guerre, Georges est en mission au Kosovo. L’adolescent tombe sur Anne, débordée par sa carrière naissante d’actrice. Dans la rue, il traite avec une désinvolture humiliante une femme qui fait la manche. Son acte provoque l’indignation d’Amadou, un jeune Africain qui entreprend de lui enseigner le respect d’autrui. À l’issue de cet esclandre, la mendiante est renvoyée en Roumanie…

L’équation existentielle
Dans une lettre adressée à son producteur Marin Karmitz, et qui fut à l’époque incluse dans le dossier de presse, Michael Haneke se demandait : "La réalité est-elle représentable ?" Moins axé sur la vision de la violence que d'autres de ses œuvres, le réalisateur investit Code inconnu de la volonté exacerbée d’affronter et de confronter le réel, de le faire parler, afin d’obtenir quelques parcelles de vérité. Mais qu’est-ce que la vérité dans un film ? Cousu de scènes courtes et de longues séquences hypnotiques, le canevas subtilement charpenté de son récit ne comporte d’autres failles que celles de la vie et de la difficulté de l’exprimer. Le cinéaste autrichien, non sans distance et avec une certaine élégance, s’interroge sur la communication impossible lorsqu’on est totalement différent de l’autre (qui reste ce "code inconnu"), à l’image d’une des affiches du film, où le visage flou de Juliette Binoche la rend inaccessible et presque indiscernable. Une troublante expérience de cinéma où le spectateur semble lui-même constamment sondé par les questions existentielles de ce diable de Haneke.