Hélène et Paul roulent dans le Paris nocturne lorsqu’une jeune femme se dirige vers leur voiture en implorant leur aide. Mais Paul verrouille les portières, et le couple voit l’inconnue se faire tabasser par ses poursuivants. Sans intervenir ni appeler les secours, Paul démarre en trombe. Mais le lendemain, prise de remords, Hélène retrouve la jeune femme dans un hôpital, plongée dans un coma profond. Décidant alors de s’occuper d’elle, elle délaisse la sécurité de son foyer bourgeois. Elle apprend que Malika, sa protégée, est une prostituée que ses proxénètes tentent par tous les moyens de retrouver...

Uppercut au patriarcat
Après des films engagés comme Romuald et Juliette, La crise ou La belle verte, Coline Serreau continue son travail de sape contre les travers d’une société qu’elle juge égoïste et grevée de préjugés. Entre comédie dramatique grinçante et film noir, Chaos éreinte le patriarcat tentaculaire et protéiforme, qu’il se déploie dans le cadre d’une famille bourgeoise, des intégrismes religieux, ou serve de principe moteur à des activités criminelles comme le proxénétisme. Les insoumissions d’Hélène (Catherine Frot) face à son mari (Vincent Lindon) machiste, désinvolte et veule, ou celles de Malika (Rachida Brakni, récompensée par un César) contre ses macs sont d’autant plus marquantes que les deux femmes s’allient dans un élan sororal qui préfigure, près de quinze ans en avance, le mouvement #MeToo. Toujours dans un souci de modernité, Coline Serreau a tourné en caméra numérique, Chaos devenant un des premiers films expérimentant cette technique nouvelle à l’époque. L’esthétique crue et les lumières sales qu’elle génère ajoutent encore à la frontalité d’une mise en scène pensée comme un coup de poing à la face du pouvoir masculin qui régente l’organisation sociale.