Dix ans après la mort de son mari, un scientifique dont le cœur a lâché lors d'un jogging, Anna est sur le point de se remarier avec un collègue. Mais lors d'un dîner familial, un enfant s'infiltre dans l'appartement et demande à lui parler : il se présente comme Sean, son mari revenu d'entre les morts. Si la réaction initiale d'Anna est d'éconduire le jeune importun, le doute commence son lent travail de sape. D'autant que de nombreux détails troublants viennent confirmer la thèse de l'enfant. La vie d'Anna vole en éclats.

Conte amoral
Dix ans avant "Under the Skin", film-déflagration qui le propulsera héritier de Kubrick aux yeux de la critique, le réalisateur Jonathan Glazer signe avec "Birth", son deuxième long métrage, une fable amorale qui verse déjà dans le fantastique et emprunte au réalisateur susnommé l'actrice star de "Eyes Wide Shut", pour sublimer le poison tragique d'un amour non conventionnel. La détérioration émotionnelle d'Anna – quasiment omniprésente et filmée en gros plan à la manière d'une héroïne hitchcockienne – bouleverse : tandis que ses certitudes s'effondrent sous ses yeux, elle se lance dans une fuite en avant qui ne saura jamais lui donner le change. Tout le talent de Jonathan Glazer et le succès de ce beau film, à mi-chemin entre conte surnaturel et drame tragique résident peut-être dans cette idée originelle : faire advenir le fantastique sous des habits on ne peut plus humains, l'amour et le mensonge.