Inspecteur de police à San Francisco, Nick Curran enquête sur le meurtre de l'ex-star du rock Johnny Boz, sauvagement assassiné en plein coït à coups de pic à glace. Il soupçonne la maîtresse de la victime, Catherine Tramell, riche héritière et écrivaine à succès, qui a décrit une mise à mort similaire dans un de ses opus. L'inspecteur parviendra-t-il à résister à l'attraction vénéneuse de la belle blonde ?

Choc intemporel
Largement ancré dans l’imaginaire collectif par une scène devenue culte – le fameux "jeu de jambes" de Sharon Stone en plein interrogatoire –, le thriller de Paul Verhoeven se lit comme une variation diabolique, joueuse et jouissive sur le motif de la femme fatale. Multipliant les clins d’œil au Hitchcock de Sueurs froides – du chignon platine de l’héroïne aux filatures à travers les rues de San Francisco en passant par les violons fébriles de la BO signée Jerry Goldsmith –, le cinéaste hollandais s’amuse à subvertir les codes du genre en y ajoutant une bonne dose de sexe et de provocation. Le scénario, malin et retors, maintient le spectateur, à la fois émoustillé, amusé et tenu en haleine, sur une crête émotionnelle du début à la fin. Le film fit ainsi grand bruit à sa sortie, décrié tant par les ligues de vertu qui voulurent le classer X que par les associations LGBT, déplorant que la bisexualité de son héroïne soit associée à la duplicité et au meurtre. Trois décennies plus tard, Basic Instinct divise encore : car si la brillante romancière, femme puissante à l’esprit machiavélique, assume crânement ses désirs, renverse les codes virils et mène la danse face à des hommes un peu paumés, un œil contemporain amène à nuancer la portée féministe de ce polar érotique au regard indubitablement "mâle". Hier comme aujourd’hui, un choc intemporel, qui ne laisse pas indifférent.