En traversant une forêt, des enfants découvrent le corps d’Éloïse, 10 ans. La dernière personne à l’avoir vue est son professeur de dessin, René Sterne. Tandis que tous les soupçons se portent sur ce personnage fragile et secret, sa femme Viviane est séduite par la célébrité locale Germain Desmot, un écrivain à succès…


Inspiré par sa veine flaubertienne, démangé par son amour du polar, Claude Chabrol signe ici l’un de ses meilleurs films, qui voit deux personnages très incarnés (René, peintre devenu étranger au monde, et Germain, grand manipulateur du verbe) s’opposer dans une Bretagne hivernale. Avec ces tableaux de la côte cancalaise où les jaunes, les bleus et les gris s’entrelacent, Chabrol livre un trompe-l’œil bigarré, à l’intérieur duquel chacun – le spectateur mais aussi les protagonistes – cherche à distinguer le vrai du faux. “On a beau porter des gants, explique Viviane Sterne au cours d’une séance de jardinage, on a toujours les mains sales.” Dans le tapis des idées reçues, le cinéaste tisse brillamment une intrigue à la tonalité badine, glisse des mots d’auteurs et des scènes impertinentes. Derrière le rire de l’ogre se cache une description au vitriol de cette France de la fin du XXe siècle où le chômage flambe et les magouilles vont bon train. Un grand cru chabrolien.