Largement diffusée, l'émission, devenue « culte », propose un spectacle, fait de chansons soul et country, de publicités ringardes, de saynètes humoristiques et rétro, qui ont survécu à l'épreuve du temps, des modes et de la télévision.
Dans les loges, les artistes s'apostrophent, se chamaillent, évoquent une fois encore leurs souvenirs, se préparent à entrer en scène, mais tous savent que la station de radio vient d'être rachetée par un groupe texan, et que ce show est donc peut-être le dernier...

La mort plane
Car la mort plane sur l'émission. Cet enregistrement doit être le dernier, et l'émissaire de la multinationale qui en a ainsi décidé doit assister au spectacle. Ce bourreau a les traits de Tommy Lee Jones et il ne se laisse distraire ni par les pauvres tentatives de séduction qu'on lui oppose ni par les efforts maladroits du détective privé chargé de la sécurité du "Prairie Home Companion", un émule rural de Philip Marlowe baptisé Guy Noir et interprété par Kevin Kline.
The Last Show est l'antithèse presque parfaite de Nashville. Il y a plus de trente ans, Altman portait son regard sur la capitale de la country music et en tirait un portrait dont le désespoir était à peine tempéré par l'ironie. En 2006, il s'abandonne gaiement à la vision édénique d'un âge d'or américain, au temps où les familles étaient unies et les transgressions bénignes.
Simplement, dans la palette mise à sa disposition, il tire la tonalité vers l'obscurité, vers le crépuscule. Après tout, le scénario évoque une agonie, même s'il le fait sur le mode de la plaisanterie. La mise en scène d'Altman, avec ses grands mouvements de caméra, est ici comme ralentie, pour mieux savourer quelques moments, sans trop se soucier de faire avancer une intrigue de toute façon prévisible.