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P'tit Quinquin

2014

Séries

France

1017avis

Sur son territoire de prédilection, le Boulonnais, Bruno Dumont signe une série policière burlesque et macabre autour d'un irrésistible couple de garnements amoureux.

Avec sa gueule cabossée, son vélo tout-terrain et ses fidèles lieutenants Jordan (le grand maigre) et Kévin (le petit gros), Quinquin fait les quatre cents coups dans son village du littoral boulonnais. Toujours prêt à la bagarre ou au lancer de pétard bien ajusté, il ne baisse la garde que face à Ève, son grand amour, fille des fermiers d'à côté et trompettiste dans la fanfare du village. Par un venteux matin d'été, l'arrivée d'un hélicoptère met la petite bande en émoi : une vache morte a été retrouvée à l'intérieur de l'un des bunkers qui jalonnent la côte et le commandant de gendarmerie Van der Weyden, flanqué de son adjoint Carpentier, a demandé l'évacuation de la victime. Mais le pire est à venir : on trouve dans le ventre de l'animal le corps démembré et sans tête d'une femme. Quelle est la "bête humaine" – selon le lieutenant Carpentier, qui a des lettres – à l'origine de ce carnage ?

 


Le vilain petit Quinquin


Sur les terrains, nouveaux pour lui, de la série et du comique, Bruno Dumont transplante l'univers cinématographique à nul autre pareil qu'il a fait exister, film après film : un territoire entre mer et campagne, le Boulonnais, magnifié dans de longs plans contemplatifs en Scope ; et des acteurs non professionnels dont les visages parfois ravagés et le parler nordiste semblent indissociables de ces paysages à la beauté méconnue. Mais pour les besoins de sa comédie extravagante et noire, sur fond de meurtres grandguignolesques, de racisme ordinaire et de veulerie, il pousse cette fois ses personnages du côté du grotesque, en un festival de tics, bégaiements et absurdités à couper au couteau – à côté des grimaces du gendarme Van der Weyden, son confrère de Saint-Tropez, Louis De Funès, semble un modèle de sobriété. On pourrait y voir une parodie à charge, sans la grâce ravageuse du couple vedette. Dans les pas de Quinquin le caïd bosselé et de son Ève au doux visage, qui se serrent dans les bras l'un de l'autre en s'appelant gravement "Mon amour", la poésie contamine la farce, l'enfance subvertit le triste état des choses et le réalisme dérape dans le délire.

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