Il s’y lie d’amitié avec d’autres jeunes ouvriers, jusqu’à ce qu’il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d’un monde excitant, celui d’une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.

La critique des Fiches du Cinéma
Après Le Sommeil d'or (2012), passionnant documentaire consacré à la cinématographie perdue du Cambodge - détruite consciencieusement par le génocide khmer -, Davy Chou passe à la fiction avec Diamond Island. S'emparant d'une trame classique, le réalisateur en remodèle les motifs, la passe au filtre du “teen movie” et transcende sa narration par d'habiles ellipses. Chou dessine en creux le portrait du Cambodge contemporain, en plein exode rural, et plus enclin à rêver à un hypothétique futur (à grands coups de bétonnage dans des chantiers pharaoniques) qu'à s'interroger sur la qualité de vie de sa main-d'œuvre. Bora, le personnage principal, en est d'ailleurs le symbole : son initiation au monde moderne se fait par l'intermédiaire de rencontres ou de détails de son quotidien. Et les retrouvailles avec son frère, disparu depuis cinq ans, l'amènent à découvrir un autre mode de vie, plus séduisant, plus ostentatoire. Plus facile aussi ? Avec son smartphone flambant neuf et la moto prêtée par son frère, Bora voit des portes s'ouvrir. Mais veut-il vraiment les franchir ? La jolie fille du chantier qui lui plaît tant l'en empêchera-t-elle, comme le laisse entendre ce frère qui a déjà la tête aux États-Unis, inépuisable terre de promesses ? Porté par d'impeccables comédiens amateurs, Diamond Island s'affirme, entre ses choix d'écriture et sa photographie sublime, comme l'œuvre d'un auteur plein de promesses, et déjà capable, au gré d'un flash-forward troublant ou d'une possible plongée dans le fantastique, du meilleur.