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Zodiac

2007

Thriller

Etats-Unis

0avis

David Fincher ausculte l'obsession morbide pour les tueurs en série en recréant la traque du Zodiaque.

Du 4 juillet 1969 au 16 août 1991, le tueur du Zodiaque terrorise la Californie, assassinant au hasard hommes et femmes. Durant vingt ans, trois personnes s’entêteront à tenter de révéler son identité : l’inspecteur David Toschi, le chroniqueur judiciaire Paul Avery et un anonyme, alors dessinateur débutant dans la même rédaction, Robert Graysmith.

 

"Les gens sont des pervers"

"Zodiac" marque un tournant dans la carrière de David Fincher : avec ce long métrage, le réalisateur adopte pour la première fois le numérique, dont les capacités pratiquement illimitées lui permettent de repousser les limites de sa mise en scène, et laisse derrière lui une première partie de sa carrière avec des films, néanmoins cultes, comme "Seven" et "Fight Club", qui sacralisaient le twist final. En recréant la traque du Zodiaque, sorte de Jack l'Éventreur dans l’inconscient collectif américain, David Fincher filme l’obsession et l’impuissance mêlées d’une génération face à la barbarie criminelle, sans qu’on sache si le tueur recherché existe réellement ou si plusieurs meurtres commis par différentes personnes se sont agrégés en un mythe terrifiant dans la paranoïa générale. Une obsession malsaine alimentée par tous : dès ses premiers meurtres, le Zodiaque, qui écrit à la presse, transmet des messages à décoder et dont les entretiens téléphoniques passent en prime time à la télévision, nourrit lui-même le récit de sa légende. Il deviendra même l’antagoniste central du film "Dirty Harry," sorti en 1971, alors que les différentes enquêtes lancées contre lui piétinent, ou vingt ans plus tard, le sujet du best-seller de Robert Graysmith, qui sortira ainsi de l’anonymat, preuve de la fascination continue du grand public à l’égard de cette figure de monstre intemporel. Le suspect numéro un des crimes est d’ailleurs le seul (avec Graysmith, qui sacrifie sa vie à son obsession), à ne pas vieillir à l’image. Tous deux sont préservés dans le formol d’un imaginaire collectif : un sentiment accentué par la maîtrise des failles du numérique par Fincher, qui se sert de la froideur lisse de l’image pour dégager ces deux personnages de toute temporalité. Au-delà du captivant film-enquête, le réalisateur tisse un troisième niveau de lecture : la perversité du regard du spectateur, qu’il se régale de sa propre terreur face aux crimes ou de la violence du divertissement. Fincher nous renvoie ainsi constamment à notre frustration face aux multiples impasses de l’enquête, nous laissant seulement nous repaître de la barbarie des meurtres. Le maître du thriller s’en amuse lui-même en entretien, un petit sourire aux lèvres : "Je pense que les gens sont des pervers. Je l’ai toujours dit. J’ai construit ma carrière là-dessus." On finit par l’apprendre : l’énigmatique signature du Zodiaque représente tout aussi bien le viseur d’une arme que le compte à rebours inaugural d’un long métrage, sur les bobines de pellicule.

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