Youssef Salem, 45 ans, a toujours réussi à rater sa carrière d’écrivain. Mais les ennuis commencent lorsque son nouveau roman rencontre le succès car Youssef n’a pas pu s’empêcher de s’inspirer des siens, pour le meilleur, et surtout pour le pire. Il doit maintenant éviter à tout prix que son livre ne tombe entre les mains de sa famille…

 

La critique des Fiches du Cinéma

Remarquable à plus d’un titre, ce deuxième long métrage de Baya Kasmi réjouit tant par sa drôlerie que par sa pertinence. La mémorable séquence d’introduction, à l’humour à la fois cru, tendre et incisif, pose les enjeux existentiels du héros. Youssef y raconte son tiraillement de toujours entre désir sexuel et culpabilité liée à la religion, culpabilité à laquelle s’ajoute celle de ne pas être un “bon Arabe” (surtout ne rien faire qui puisse donner des arguments malveillants aux racistes !)... Le poids des injonctions issues de la culture algérienne, de ses parents, sans compter celles venant de la société française dans son ensemble, est admirablement expliqué en quelques scènes efficaces et désopilantes. La suite du film confirme la qualité d’une écriture roborative sans être platement édifiante, et cultivant un humanisme généreux sans jamais sombrer dans le mièvre. Au contraire, ça grince souvent, et on est fréquemment mal pour tel ou tel personnage... La tonalité est même parfois grave, mais la mise en scène et les dialogues nous font passer du sérieux au léger, du tendu à l’hilarant, sans jamais se laisser aller aux clichés. Ce jeu de contrastes particulièrement vivant est à mettre également au crédit des interprètes, toutes et tous absolument parfaits. Ramzy Bedia, exceptionnel de bout en bout, charmant, crispant, fragile, drôle et élégant, confirme qu’il est sans doute l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Noémie Lvovsky est comme toujours impeccable, et Melha Bedia, Caroline Guiela Nguyen et Oussama Kheddam sont aussi justes que touchants. Ce très bon film, qui dit beaucoup de la France d’aujourd’hui, a de quoi mettre du baume au cœur des amateurs de comédie hexagonale, las des productions sans âme.