Appareil photo en bandoulière et barbe fournie, Désiré Hirovitch, qui se fait appeler M. Hire, suscite la méfiance de ses voisins qui le considèrent comme un marginal. Solitaire et peu amène, ce dernier ne reçoit jamais personne dans le petit meublé qu’il loue depuis trois ans, au-dessus du café dans le centre de Villejuif. Alors que l’arrivée de forains met en joie les gamins du quartier, le corps d’une femme est découvert sur le terrain vague alloué à la fête foraine. La veille, en toute discrétion, Alice, elle, a fait son retour, heureuse de retrouver Alfred, son amant à la place duquel elle vient de passer deux ans en prison pour vol. Elle ne tarde pas à apprendre qu’Alfred a eu une brève liaison avec la victime, et à susciter l’intérêt bienveillant de M. Hire…

Dans cet immédiat après-guerre, les ventres crient encore famine, les enfants courent en grappe dans les rues, les petites filles jouent à la poupée seules dans les escaliers et les langues des grands savent se faire terriblement vipérines... Portant à l’écran "Les fiançailles de M. Hire" "de Georges Simenon – également adapté par Patrice Leconte en 1989 –, Julien Duvivier observe sans illusions la cohorte de petites gens qui tirent le diable par la queue mais dilapident leurs quatre sous au bistrot ou dans les attractions de la fête foraine. Alfred, qui a trouvé un emploi dans un garage, tient, lui, sous sa coupe Alice, jeune fille pas si naïve dont il fait la complice de ses crimes. Mettant en œuvre une cruelle machination pour échapper au glaive de la justice, le mauvais garçon tire les ficelles d’un drame dont l’issue, face à une foule hideuse, ne pourra, fatalement, qu’être tragique.