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Norte, la fin de l'histoire

2015

Cinéma asiatique

Philippines

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Lav Diaz radiographie l'histoire des Philippines, un pays marqué par le fascisme et rongé par la violence de classe.

Fabian, brillant étudiant en droit, se consume de rage contre le monde. Des idéaux plein la tête, il disserte à longueur d’heures dans des cafés, fréquentés par la petite bourgeoisie intellectuelle philippine, sur les notions de vérité et de justice dont il déplore qu'elles soient tombées en désuétude. Joaquin, quant à lui, jeune père issu des classes populaires, s'échine à rembourser sa dette auprès de Hoda, une usurière sans scrupules, à laquelle Fabian a aussi eu recours. Témoin de l’humiliation que la matrone inflige à la famille de Joaquin, le jeune homme passe alors de la théorie à la pratique : il la tue avant de prendre la fuite. Condamné à sa place, l’innocent Joaquin est emprisonné.

 

La critique des Fiches du Cinéma

Les révolutions peuvent s'accomplir en vertu de nobles principes émis par l'élite intellectuelle ; ce sera toujours le peuple qui éprouvera dans sa chair les bouleversements qui suivront. Les Philippins ont subi quatre siècles de colonisation espagnole, puis américaine et japonaise. Ils n'accédèrent enfin à l'indépendance que pour tomber sous le joug de la dictature de Marcos. Norte illustre ce constat par le biais d'une histoire simple, inspirée de Crime et châtiment, à la tonalité mélodramatique assumée. Comme de belles images agrémentent le propos, nous pourrions nous trouver devant un produit cinématographique, certes intéressant, mais assez commun dans la vitrine du cinéma mondial. Ce qui change la donne, permet au film de se transcender en une magnifique fresque poétique, c'est sa durée extravagante de 4 heures 11 minutes, durée qui doit plutôt être considérée comme une promesse que comme une menace. Cet étirement du temps est dû à un usage quasi systématique du plan-séquence, permettant au spectateur d'instaurer un rapport unique avec l'histoire et ses personnages. Scrutant les visages dans la continuité, Diaz sait, comme A. Kiarostami, faire de la captation du réel une épiphanie, à bonne distance de la posture hiératique. Les personnages parlent, agissent ou pensent, mais ne prennent jamais la pose. La caméra se meut en une chorégraphie quasi invisible, prodigieuse de précision scénographique. Ce que nous offre Lav Diaz est une splendeur visuelle, mais elle est incarnée, d'une réelle épaisseur romanesque. Et, comme tout cela est accompli en virtuose, nous ne savons jamais si le récit avance grâce au scénario, ou à la seule force de la mise en scène. Subjuguant.

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