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Jean Rouch, cinéaste aventurier

2017

Histoire du cinéma

France

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Par la magie de ses récits voyageurs, des Maîtres fous à Moi, un Noir, Jean Rouch a su mêler la rationalité occidentale à la pensée magique africaine. Portrait d'un précurseur, tant ethnologue que cinéaste, né il y a cent ans.

C'est au Niger, son autre patrie, qu'est mort et que repose Jean Rouch (1917-2004), dont Godard évoqua ainsi l'œuvre pionnière : "Chargé de recherche au musée de l’Homme. Existe-t-il une plus belle définition du cinéaste ?" C'est en construisant une route dans ce pays en 1941, avec, sous ses ordres, les milliers de recrues forcées de la colonisation, que le jeune ingénieur des Ponts et Chaussées avait trouvé sa triple vocation : ethnologue, cinéaste, mais aussi aventurier. C'est en se baignant dans le grand fleuve Niger, qu'il aimait tant, et en jouant à qui nagerait le plus vite, qu'il avait rencontré Damouré Zika, son premier acolyte dans l'invention d'un cinéma-vérité unique en son genre. Sens du cadre, légèreté du dispositif, art de la narration, humour et profonde empathie avec ceux qu'il filme : immergé dans la vie, de la ville à la brousse, comme dans l'amitié de sa petite bande de copains nigériens, Jean Rouch, qui tient toujours la caméra, va tourner quelque cent vingt films, la plupart en Afrique, dont beaucoup ont marqué à la fois l'histoire du septième art – il est l'un des pionniers du cinéma direct – et celle de l'ethnographie.

Alchimies
Les maîtres fous (1955), dont les scènes de transe animiste fascinent encore dans le monde entier, Moi, un Noir (1958), qui célèbre, quelques années avant les indépendances, la liberté de la jeunesse, et annonce la Nouvelle Vague, Petit à petit (1970), savoureux exercice d'ethnologie inversée, ou les inclassables road-movies Jaguar (1967) et Cocorico, Monsieur Poulet (1974)… : l'œuvre foisonnante de Jean Rouch a su mêler la rationalité occidentale avec la pensée magique africaine, abolissant les frontières entre les cultures et les hommes. À Niamey, d'anciens compagnons de tournage – dont l'indispensable preneur de son de toujours, Moussa Hamidou –, et des héritiers documentaristes et chercheurs dressent le portrait sensible d'un centenaire éternellement jeune, qui eut le génie d’inventer son destin en racontant celui des autres. Découvrir ainsi Jean Rouch et son lien intime avec le Niger permet de comprendre l'alchimie entre passé et présent, réel et imaginaire, possession et liberté, qui caractérise son œuvre. Un voyage poétique, malicieux et savant, à son image.

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